
Arrivé sur le grand écran le 15 octobre 2025, « Le Jour J » est une réalisation de Claude Zidi Jr, aussi connu pour « Les Déguns » (2018 pour le premier volet, 2023 pour le second) et Ténor (2022). Il a aussi réalisé Maison de Retraite 2, sorti en 2023, avec pour tête d’affiche le célèbre Kev Adams, et c’est sûrement à l’occasion de sa performance artistique qu’il a souhaité tourner avec lui une nouvelle fois dans l’œuvre dont je vais traiter aujourd’hui.
On va rentrer dans le vif du sujet, à l’instar du film puisque, dès la première seconde, j’ai été témoin, que dis-je, transportée dans une interprétation sans détour du personnage solitaire qu’est Denis Porte (joué par Kev Adams). En effet, l’acteur nous immerge dans un univers isolant et isolé puisque, en pleine Seconde Guerre Mondiale, il a pour rôle de tenir une base militaire factice au sud de l’Angleterre. C’est à cette occasion qu’on découvre les capacités de Kev Adams à parler tout seul ou plutôt, à des mannequins, interprétant plusieurs personnages à la fois et à nous mettre mal à l’aise face à des imitations de voix variées qui ont pour but de donner une personnalité à chaque « collègue » avec qui il partage le quotidien. Navrée pour ces termes stricts mais je ne sais pas comment décrire autrement le sentiment que m’a provoquée cette longue scène, heureusement pas trop longue, puisqu’elle laisse ensuite la place à l’introduction d’un nouveau personnage : Madeleine Porte, la mère du petit Denis. Si j’utilise ce qualificatif, ce n’est pas sans raison : il est surprotégé par une figure maternelle qui a peur de le perdre en guerre, comme les derniers hommes de la famille Porte avant lui. C’est pour cette raison qu’il a été affecté à cette base, loin de tout danger… pour le moment. Car l’arrivée d’un collègue (un humain, cette fois) va tout changer. C’est Sami Zerkaoui, interprété par Brahim Bouhlel, qui va lui donner le goût de l’aventure, et l’entraîner dans une opération tout à fait risquée en Normandie.

Lors d’une réunion en présence, notamment, du Général de Gaulle (dont le nom de l’acteur m’est difficile à retrouver donc heuuu… bah c’est un monsieur avec une moustache grisâtre, je crois), il comprend que le débarquement, Le Débarquement qui va libérer la France des griffes des Nazis, aura lieu le 5 juin sur une plage normande. Alors, avec l’aide de son collègue Zerkaoui, déterminé à être le premier à débarquer afin de demander l’indépendance de l’Algérie, ils y vont : c’est parti pour la Normandie. Le fait est que le jour j a été reporté pour cause de mauvais temps.
C’est ainsi que débute notre aventure aux côtés des deux fanfrelins de soldats. Au cours de leurs échanges, on va découvrir chez Denis une personnalité et une morale plus que douteuse, par des blagues sur le poids de son nouvel ami, et une drague beauf à l’encontre de Margot (jouée par Marie Parisot). Comportements qui ne sont pas critiqués, puisqu’il n’y a aucune contre-balance à ces commentaires déplacés.
Là est le plus gros problème du film car, si on décèle une envie de faire une comédie française loufoque plus que drôle, l’humour n’est qu’à trop peu d’instants remis dans un cadre moral. Ce que je veux expliquer par là, c’est qu’il y a moyen de développer un personnage, notamment via son humour, mais là, il n’y a aucune évolution. Ce que Denis Porte est au début du film, il l’est toujours à la fin, avec les mêmes schémas de pensée. C’est bien cela que je trouve dommage ; malgré une scène purement loufoque en compagnie de Hans, un soldat nazi interprété par Jarry, qui pourrait remonter le niveau du film, le reste des touches de comédie qui suivent sont du même acabit que celles qui précèdent. J’avoue que c’est difficile de trouver une analyse plus détaillée ou instructive à faire sur ce film, puisqu’au final, ce dernier est lui-même peu inspirant et le résumer en l’image d’un terrain vague pourrait suffire à se faire une idée de ce qu’il est.
Donc, même si je ne m’attendais pas à grand-chose en m’asseyant dans la salle de cinéma, je suis quand même déçue. Il n’a, malheureusement, rien d’un nanar, mais tout d’un film qui essaie faiblement d’exister. Il s’accroche à des vannes faciles avec des propos grossophobes et sexistes sans que, jamais, la morale ne soit remise en question. Alors, aucun personnage n’évolue, mais le personnage principal finit quand même par sortir avec la jolie fille qui a apprécié ses techniques de drague misogynes.

Comment s’accrocher à des personnages qui n’ont aucun développement ? Comment se sentir parti d’une histoire sans morale ? A quoi sert-il de conclure un film qui n’a rien apporté, si ce n’est de mettre mal à l’aise et faire rire de dépit ses spectateur.ice.s ? Pourtant, cela se voit, le réalisateur a essayé. Le personnage de l’abbé (Jonathan Lambert) le prouve : religieux tatoué et partant pour des expériences sexuelles hors-normes, il incarne l’ébauche d’une personnalité avec un potentiel évolutif. Mais il semble que Claude Zidi Jr s’est arrêté avant d’arriver à construire un récit complet qui laisse un souvenir à ceux et celles qui en ont été témoins. Avec ce qu’on a là, je serai surprise de me rappeler encore du déroulé du film dans six mois.
En conclusion, j’espère que le réalisateur laissera aux critiques -quoique plutôt unanimes et similaires à la mienne- de son œuvre impacter positivement ses travaux à venir, car je pense sincèrement qu’il a du potentiel, si tant est qu’il soit libre de l’exploiter entièrement et qu’il ne tombe pas dans les travers de la simplicité scénaristique, mettant un terme rapide à tout développement de ses personnages.




Laisser un commentaire