affiche du film batman et robin

Batman & Robin est incontestablement le film du chevalier noir le plus détesté de tous ! Véritable bouse cinématographique pour certains : comment et pourquoi cet opus parvient-il tout de même à gratter de la sympathie ?

La vie du chevalier noir n’a pas toujours été un long fleuve tranquille sur grand écran… En effet, bien que les derniers opus dirigés par Matt Reeves, Zack Snyder et Christopher Nolan aient été des franches réussites, l’homme chauve-souris a dû essuyer de nombreuses chutes avant de se relever…

Historiquement, Batman a toujours été un justicier violent qui terrorisait ses ennemis. Mais au cours des années 50, les comics et les bandes dessinées de manière générale ont été considéré comme de la lecture pour enfant et le caractère agressif de Bruce Wayne a donc été édulcoré pour toucher un public plus jeune.

Ce changement drastique de personnalité permet au chevalier noir d’arriver sur le petit écran dans une série télévisée très colorée et loufoque qui aboutira en 1966 sur Batman : The Movie, un film… de son époque dira-t-on… qui ne se cache pas d’être pour les enfants.

C’est finalement en 1986 que Batman retrouvera ses vraies couleurs (ou plutôt leur absence) sous la plume de Frank Miller dans le comics The Dark Knight Returns. Bruce Wayne est vieux, usé et sa méthode de « non-violence » ne fonctionne pas : il décidera donc de sortir la nuit pour fracasser du méchant, quitte à en laisser certains dans un état proche de la mort…

Cette rupture (qui revient en fait aux origines du personnage) inspirera Tim Burton et amènera, plus de 30 ans après la sortie du dernier film, le renouveau de Batman au cinéma ! Un style gothique teinté d’expressionnisme allemand qui se retrouvera davantage dans Batman : le défi et qui inspirera la magnifique série animée de 1992. Le chevalier noir vit une période dorée que rien ne peut arrêter… ou presque. Car en 1995, soit 3 ans après le dernier film, Warner sort Batman Forever réalisé par Joel Schumacher. Le film reprend le ton loufoque et absurde de la série des années 60 (une très mauvaise idée quand on sait que le justicier a mis 30 ans à se défaire de cette image) et n’aura qu’un accueil tiède : grâce à la sur-performance de Jim Carrey qui vole toutes les scènes dans lesquelles il apparait pour sauver cet opus du crash industriel.

N’ayant pas compris tous les signaux de l’échec de Batman Forever, Warner enchaîne directement avec Joel Schumacher… Plus de loufoqueries, plus d’absurde et 0 Jim Carrey pour sauver le film : n’est-ce pas là, la recette parfaite pour un raté ?

« Je suis désolé. Je veux m’excuser auprès de tous les fans que j’ai déçus, car je pense que je leur dois bien ça » Joel Schumacher pour Vice.

Batman et Robin sont devant un vase

Qu’avez-vous fait à Batman ?

Nul besoin d’aller loin dans le film pour savoir que le visionnage sera difficile… En seulement quelques secondes, Joel Schumacher pose sa caméra sur les parties intimes du justicier… Gros plan sur l’entre-jambe du costume pour constater qu’il y a une coque à ce niveau, mais aussi un autre gros plan sur les tétons délicatement désignés dans le costume par Alfred ou Lucius Fox…

Le malheur ne s’arrête pas là, car il faudra supporter les jeux de mots ringards de TOUS les personnages ! Batman Forever avait au moins, comme point positif de limiter les blagues aux méchants ou à Robin qui sortait ses classiques « nom d’un rayon laser, Batman » mais là non. Tout le monde a passé un diplôme à l’école du rire de Vannes et le film devient juste une compilation interminable de jeux de mots plus pourris les uns que les autres :

  • Batman : « Freeze, tu es givré »
  • Freeze : « Reste cool, Robin des bois » / « Tu sais garder ton sang-froid Batman ? »
  • Poison Ivy : « Ma pelouse est dans tous ses états… »

Et ce ne sont là qu’une infime partie de tous les jeux de mots qui parsèment le film…

Mr Freeze dans batman et robin
Le film se prête particulièrement bien aux jeux d’alcools (avec modération bien sûr)

Au milieu du n’importe quoi : le respect

Ce traitement est d’autant plus dommageable que Joel Schumacher et son scénariste Akiva Goldsman ont tenu à respecter les histoires de tous les personnages ! Mr. Freeze a les mêmes origines que celles du comics et est bel et bien un chercheur qui tente de sauver sa femme qu’il a cryogénisée pour la maintenir en vie. Il en est de même pour Bane, Poison ivy et Robin qui verra aussi l’arc de Nightwing s’ouvrir brièvement.

Le duo rapporte également une version de Batgirl pour compléter la Batfamily qui est, encore à ce jour, sa seule apparition sur grand écran…

Sur le papier, Batman & Robin semble réellement avoir été fait avec de bonnes intentions et auraient dû plaire aux fans… S’il n’y avait eu que les jeux de mots, peut-être que cet opus auraient pu être plus apprécié, mais les problèmes ne s’arrêtent pas là…

La batfamily dans batman et robin
So long la Batfamily

À qui s’adresse Batman & Robin ?

Au-delà de la mise en scène particulièrement fade et sans idée de Joel Schumacher, Batman & Robin est un gloubi-boulga d’inspirations qui racontent des choses différentes et ne s’imbriquent jamais les unes avec les autres.

Par exemple, le film est jonché de jeux de mots absurdes pour rendre hommage à la série des années 60, certes… mais alors pourquoi tout est ténébreux alors que la série était si colorée et joyeuse ? Si le but est de rendre hommage aux années 60, pourquoi Batman roule dans une voiture HotWheels qui éclaire les rues comme une boite de nuit et pas dans la berline de la série ?

la batmobile de batman et robin
On fait même pas un peu semblant de vouloir vendre un jouet.

Il en est de même pour l’humour du film… Bien sûr que les jeux de mots sont là pour rappeler le ton de la série qui s’adressait aux enfants et surtout aux petits enfants ! Alors pourquoi Batman & Robin est rempli de blagues graveleuses ? Nous le citions plus haut, mais Poison Ivy fait clairement référence à ses parties intimes lorsqu’elle parle de « pelouse » et plus tard dans le film, Robin résiste à son baiser empoisonné grâce à des « lèvres en latex »… A qui s’adressent ces blagues ?

Le film n’est pas assez trash pour plaire à des adultes, mais l’est déjà beaucoup trop pour des enfants. Il s’agit peut-être là du pire défaut de Batman & Robin : il ne rend jamais vraiment hommage à quoique ce soit. Il veut une esthétique moderne, mais avec le ton de la vieille série. Il veut le ton de la série, mais avec des blagues graveleuses. Il veut des blagues graveleuses, mais aussi des jeux de mots pour enfant… Ce patchwork n’a aucun sens.

Les costumes de BAtman et Robin
Et ces costumes… Ils ont l’air tellement coincé dedans…

Pourtant, comme disait Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra : « il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse » et c’est exactement ce qu’est Batman & Robin. De ce grand n’importe quoi rempli d’approximation, d’entre deux ratés et d’échecs malvenus nait un profond sentiment de moquerie qui rend le visionnage hilarant. Car cet opus n’est pas juste nul, il rate tout ce qu’il entreprend, se prend constamment les pieds dans le tapis et chute en boucle durant 2h05 !

Contrairement à des films comme Sharknado, Batman & Robin n’est pas volontairement nul. Il a été fait dans le plus grand sérieux et avec les meilleures intentions ce qui rend son échec encore plus drôle, car on passe le film à se dire : « Comment ont-ils pu croire que c’était une bonne idée ? ». Chaque visionnage est lunaire et permet à cet opus de s’inscrire comme un véritable plaisir coupable nanardesque.