
Monstres & Cie est l’un des premiers films du studio Pixar (le 4ᵉ), réalisé par Pete Docter. Ce long-métrage d’animation résume à merveille le talent du studio pour mêler des histoires à plusieurs niveaux de lecture.
Après les deux Toy’s Story et 1001 pattes, Pixar sollicite pour la première fois Pete Docter. Véritable star du studio, le réalisateur derrière Là-haut, Vice-Versa et Soul effectue ses premiers pas aux côtés de David Silverman (La Route d’Eldorado, Les Simpsons : le film) et Lee Unkrich (Toy’s Story 2 et 3, Le Monde de Nemo, Coco) : une très belle équipe !
On y suit Bob Razowski et Jacques Sullivan (Sulli), deux monstres qui travaillent à Monstres Inc. : une entreprise qui transforme la peur des enfants en électricité. Lors d’une mission, une enfant s’infiltrera dans le monde des monstres et amènera les deux personnages à remettre en question les règles de leur société.
Grâce à ce scénario, Monstres & Cie explore plusieurs genres comme le film d’enquête, le buddy movie, la comédie ou le film d’horreur (Randall…), mais aussi différents niveaux de lecture qui permettront aux enfants comme aux adultes d’apprécier leur visionnage.
De nombreux défis techniques
Pixar a été un pionnier de l’animation 3D avec Toy’s Story et n’a cessé d’innover à chaque long-métrage. Ici, le studio a dû trouver des solutions pour répondre à de nouvelles problématiques.
Sulli est un personnage entièrement recouvert d’une fourrure. Si aujourd’hui, il est fréquent de voir des boules de poil dans les dessins animés, à l’époque : c’était une révolution. En effet, il a fallu créer des programmes pour automatiser le mouvement des poils et ne pas les animer un par un. Les animateurs voulaient également mettre des tentacules à Sulli (à la place des pieds), mais cela attirait trop le regard des spectateurs : c’est pourquoi les tentacules furent donnés à des personnages secondaires.
Le personnage de Randall fut également un défi de taille, car pour ce caméléon, il a fallu développer de nombreuses nouvelles textures et transitions entre celles-ci. En dehors des différentes peaux du lézard, Monstres & Cie a aussi créé la première neige en animation 3D… et pour le coup, les animateurs se sont donné beaucoup de mal. Ils ont dû créer plusieurs couches de neige aux consistances différentes, allant de la neige gelée à la poudreuse, qu’ils ont superposées pour arriver au résultat final.
Bien sûr, Monstres & Cie est bien plus qu’un catalogue technique et permet notamment d’aborder des sujets profonds pour les enfants.

Un film pour petits et grands
C’est un des enjeux majeurs du studio : parler autant aux enfants qu’à leurs parents. Parmi les thématiques abordées, on peut notamment citer :
- La parentalité : avec Sulli et Bob qui apprennent progressivement à éduquer un enfant et à vivre avec.
- L’homosexualité : ce n’est jamais dit dans le dessin animé, mais Bob et Sulli sont deux colocataires très proches l’un de l’autre qui vont devoir éduquer un enfant. Même si Bob a une relation de couple avec Célia, la petite Bouh a deux papas.
- Le communisme : Sulli et Bob vont découvrir que la source d’électricité (la peur) n’est pas la meilleure et que le bonheur est plus efficace. Ils vont donc se réapproprier les moyens de production et renverser leur hiérarchie pour créer une meilleure société.
Le gros point fort de Pixar est qu’il parvient toujours à introduire ces sujets de manière simple et sans jamais les exposer frontalement. À aucun moment le film ne dit explicitement que ses personnages mènent une lutte contre le capitalisme, mais c’est là : les parents le voient et les enfants sont déjà sensibilisés à des thématiques d’adultes simplifiées.

Monstres & Cie est un excellent divertissement pour petits et grands qui parvient à allier une histoire simple à des thématiques profondes. Comme de nombreux Pixar, ce film a permis de relever de nombreux défis techniques qui ont facilité l’animation des productions suivantes. Véritable pionnier de l’animation, Monstres & Cie est un des meilleurs dessins animés sortis à ce jour.




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