Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? Le grand retour de l’absurde !

21 ans après le dernier Y a-t-il un flic… ? Le lieutenant Drebin revient sur grand écran. Les ZAZ ne sont plus à l’écriture, Leslie Nielsen n’est plus le protagoniste… Comment ce nouvel opus prend-il la suite de la trilogie culte de l’absurde ?

La trilogie des Y a-t-il un flic… ? (ou The Naked Gun en version originale) a surtout été portée par les ZAZ (pas la chanteuse) pour Jerry Zucker, Jim Abrahams et David Zucker (auxquels on pourrait également ajouter Pat Proft à l’écriture sur certains opus). Le trio a collaboré sur différents projets comme les Y a-t-il un flic… ?, la série Police Squad ou encore Top Secret. Dans tous les cas, leurs projets étaient des comédies absurdes qui utilisaient les codes d’un genre pour les détourner.

Ce style très particulier a ensuite été singé dans de nombreuses parodies sans jamais véritablement atteindre le niveau des ZAZ et en 2013, la Paramount annonce travailler sur une suite de Y a-t-il un flic… ? David Zucker est appelé pour réaliser le film, mais quittera le projet, le jugeant trop inférieur aux précédents. Le projet tombe à l’eau puis revient en 2017 avant d’être à nouveau abandonné et d’atterrir en 2021 dans les mains de Seth MacFarlane (American Dad, Family Guy).

Celui-ci appellera alors Akiva Schaffer, membre des Lonely Island (avec Adam Sandberg et Jorma Taccone) mais aussi réalisateur de Hot Rod, Popstar et d’épisodes du Saturday Night Live. Un véritable changement d’équipe tant à l’écriture qu’à la réalisation, mais est-ce forcément un mal ?

L’absurde est bien là

Premier constat visible dès les premières secondes du film : l’absurde propre à la saga est toujours là. Le film commence avec une scène de bagarre dans une banque, multipliant les techniques de combat plus stupides les unes que les autres, les bruitages loufoques et les artifices de cinéma détournés : sur le papier, le contrat est respecté.

Mais ce n’est pas tout, l’absurde se poursuit tout le long du film par des gags plus ou moins visibles au premier regard et des runnings gags viendront également parsemer le métrage pour constamment apporter un élément marrant à l’image.

Car s’il y a bien un élément fort de ce nouveau Y a-t-il un flic… ? c’est son envie de proposer des gags ! Il y a quasiment un gag par plan dans le film ! Bien sûr, ils ne sont pas tous drôles, mais ce n’est pas un problème, car avec la quantité de blagues balancées, le spectateur a à peine le temps de se dire « Pas terrible cette blague » qu’une autre est déjà à l’image.

Le film ne dure qu’1h25, mais est d’une densité humoristique folle.

Les règles de l’absurde

Les ZAZ (toujours pas la chanteuse) s’étaient imposés des règles pour écrire et réaliser leurs films. Deux de ces règles étaient :

• Ne pas expliquer une blague.
• Montrer la blague en plan large.

Et malheureusement, pour ce nouveau Y a-t-il un flic… ? ces deux règles ne sont pas toujours appliquées… Par exemple, le film rend hommage à une blague de Police Squad (reprise dans Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?) où Frank Drebin tend un paquet de cigarette et dit « Cigarette ? » et la personne en face lui répond « Oui… Je sais. ». Dans le dernier film, la réplique ne s’arrête pas là, mais sur-explique la blague en ajoutant un « Non ahah est-ce que vous voulez une cigarette ? ». C’est dommage, car la blague perd alors toute sa finesse et devient lourde…

Il en est de même pour la réalisation. Tout l’art des ZAZ était de surprendre le spectateur avec des plans larges. L’avantage de ce cadrage étant que le spectateur voit bien toute la scène et ne sait pas d’où va venir le gag : au premier plan ? au second ? sur les côtés ? Ici, Akiva Schaffer réalise cet opus comme un épisode du Saturday Night Live avec des cuts et des inserts sur les éléments rigolos à voir…

Alors cela ne rend pas le film mauvais, mais laisse un petit goût de « Dommage » car de nombreuses séquences auraient pu être mieux traitées et être encore plus drôles qu’elles ne le sont déjà dans le film.

Quelques séquences de génie

Si la réalisation est inégale pendant tout le film, certaines séquences parviennent tout de même à atteindre des sommets d’humour (notamment une longue scène avec un bonhomme de neige). Certains gags sont également géniaux et ne reposent que sur un élément simple comme un cut pile au bon moment, une idée profondément stupide ou un bruitage bien senti.

Enfin, forcé de constater que Liam Neeson délivre une très bonne performance en tant que Frank Drebin Jr et n’est pas simplement une copie de Leslie Nielsen. Les deux personnages possèdent des points communs, mais aussi des différences majeures qui ne sont ni meilleures, ni moins bonnes, juste deux versions différentes d’un même personnage.

Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? est donc une excellente comédie absurde comme on en voit trop peu au cinéma. Même si certaines séquences auraient pu bénéficier d’un meilleur traitement et être encore plus drôles, le film correspond à la vision de ZAZ (la chanteuse) : « Je veux de l’amour, de la joie, de la bonne humeur » et c’est exactement le sentiment que l’on a en quittant le cinéma.