Après Monstres et Compagnie (2001) et Là-Haut (2009), Pete Docter apporte du renouveau chez le studio à la lampe de bureau, qui était sur une lancée garnie par les suites de premiers métrages à succès.

Vice-Versa est un succès critique et économique se plaçant comme un nouveau contributeur de l’ADN du studio Pixar, par sa manière de façonner un récit ludique pour parler de sujets matures.

TRISTESSE QUI N’EST PAS LA BIENVENUE ?

L’œuvre, personnifiera les émotions par de petits êtres colorés enfouis dans l’esprit : la colère en rouge, le dégoût en vert, la peur en violet, la joie en jaune et la tristesse en bleu. Avant, l’apparition des quatre autres émotions, Joie était la première à découvrir les parents de la fille qu’elle va devoir épanouir. Le fait qu’elle soit présentée en première, seule, nous donne l’illusion qu’elle est la plus importante pour le bonheur de cette petite fille, appelée Riley. Cependant l’arrivée d’une émotion de couleur bleue appelée Tristesse, va être source de questionnement auprès de Joie qui fera tout pour la tenir loin de sa protégée, tout en se demandant : « mais à quoi sert-elle ? »

PERSONNIFICATION DE LA STABILITÉ

Le récit de Vice-Versa sera, en effet, très ludique de par la personnification de tout ce qui se passe dans notre tête, que ce soit les souvenirs ou les rêves entretenus et crées par de petits personnages, qui sont en quelque sorte, des employés du quartier cérébral permettant le bon développement de Riley. Ce qui nous amène au prochain point métaphorisant la stabilité.

L’objectif de Joie sera donc de maintenir une stabilité émotionnelle « positive » chez Riley. Pour illustrer l’équilibre, l’utilisation de l’entreprise, qui s’apparente au quartier cérébral, va être un choix de métaphore intéressant, car tout comme la santé mentale, l’objectif d’une entreprise est d’acquérir une stabilité durable. Il y aura, comme énoncé précédemment, des infrastructures, qui représenteront les piliers psychologiques de la jeune fille, tout comme ces travailleurs qui contribuent à l’activité cérébrale de l’enfant, sans oublier le clin d’œil sur le capitalisme empoisonnant le cerveau.

LES SOLUTIONS POUR AVANCER

Bing Bong est un personnage important, attachant, symbolisant l’imaginaire de l’enfance de Riley. Cependant, Joie devra se faire à l’évidence que pour aider l’enfant dans son évolution, elle va devoir lâcher prise, pour éviter de la maintenir dans son idéal de l’enfance, obstruant le futur de son évolution. Rien ne sert à lutter, chose que Joie décide d’entreprendre dans sa quête, car comme pour aider certains problèmes psychologiques, le lâcher prise sera l’une des solutions bénéfiques. En attendant, elle continue de transporter les souvenirs joyeux, ne les laissant pas partir au lieu de prendre exemple sur Bing-Bong, qui va de lui-même lâcher prise afin d’accepter de disparaître pour pouvoir laisser Riley avancer dans son développement personnel, vers une nouvelle étape de la vie, qui sera présentée dans Vice-Versa 2 : l’adolescence.

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L’ÉMOTION NÉCESSAIRE POUR LE BONHEUR

« Pleurer me fait du bien et m’aide à affronter la vie et ses problèmes »

Cette phrase, dite de manière exacerbée par Tristesse, représentée comme un obstacle au récit, sera en réalité la clef pour pouvoir accepter d’accueillir la tristesse, qui est nécessaires au bonheur. En effet, les souvenirs de la tristesse permettent de façonner de joyeux souvenir en faisant cohabiter deux émotions contraires, mais nécessaire pour la stabilité de Riley. D’ailleurs, même les personnages secondaires seront importants pour accompagner les deux autres émotions, malgré leurs fonctions plutôt négatives.

Ce mélange d’émotion sera illustré par les couleurs. En effet, Joie sera certes de couleur jaune, symbolisant des moments ainsi que des souvenirs de joie marqués par des boules jaunes, mais elle sera aussi constituée de bleu, couleur de la tristesse, à travers ses cheveux ainsi que ses yeux. Ce qui montre que, dès l’ouverture de métrage, tout comme cette phrase citée précédemment, la clef se trouvait sous nos yeux depuis le début.

Pixar accueille une nouvelle grande œuvre parmi sa filmographie prestigieuse, de par son message poignant, accompagné par ce thème aux notes de piano aiguës permettant d’intensifier la sensibilité du film, prenant tout son sens quand Riley finit par pleurer. On ne ressent alors, pas de la tristesse, mais une résolution d’un message magnifique développé d’une grande maîtrise réalisé par Pete Docter, nous rassurant sur le fait que la tristesse n’est pas un obstacle au bonheur et que la joie sans la tristesse peut affecter la psyché de chacun.