
Tron est le nouveau projet, signé Disney. Ce sera l’occasion pour le studio aux grandes oreilles de développer sa révolution technologique, amorcée par Westworld (1973). En effet, ce dernier sera le premier film à utiliser autant d’images de synthèse. Du côté de Tron : une vingtaine de minutes d’images façonnées par ordinateur, sera présentée. Cela est du jamais-vu dans le cinéma, tout comme l’alternance entre les prises de vues réelles et les images virtuelles.
ENTRE 2001 ET TERMINATOR
Steven Lisberger, va donc utiliser une nouvelle technique, faisant écho à son récit, se basant sur les technologies modernes, et donc de l’évolution de l’intelligence artificielle.
En 1968, Stanley Kubrick donne vie à la visionnaire 2001, l’Odyssée de l’Espace, un film qui traite de la menace d’un algorithme devenu dépendant, à travers l’œil de HAL 9000. 16 ans plus tard, c’est au tour de James Cameron de parler de cette technologie menaçante, avec l’intelligence artificielle appelée Skynet, dans Terminator (1984). Une franchise présentant la robotique, qui deviendra même une figure paternelle dans le Jugement Dernier en 1991. Entre ces trois symboles de la science-fiction, un film de 1982, fera certes moins de bruit que ces œuvres citées, mais le métrage aura néanmoins son mot à dire. Dans son fond, de par ce qu’il raconte et de par sa forme, faisant partie des marqueurs techniques du cinéma.
Dans le récit, nous allons avoir cette confrontation entre le réel et le virtuel. Les utilisateurs, issus de notre monde et les programmes, venant du second espace. Tron va alors mélanger ces deux univers, permettant alors de créer une nouvelle identité visuelle, par les changements d’images entre les prises de vues réelles et virtuels.
Du pouvoir sera accordé au programme, en devenant un utilisateur. Le MCP (Master Control Program) se hisse à l’égal de ses créateurs, se voyant même comme une figure divine. De l’autre côté, Flynn (Jeff Bridges), un utilisateur va, finalement devenir un programme, à la merci de ce qu’il a lui même crée, malgré le fait que ce protagoniste se soit fait usurpé.

DES IMAGES QUI ONT LOGIQUEMENT MAL VIEILLI
Évidemment, comme toute nouvelle utilisation, les prémices ne permettent qu’entrevoir le plein potentiel de la technique utilisée dans Tron. En effet, les effets visuels kitch, vieillissants, vont malheureusement, malgré son charme, nous laisser en dehors, surtout en raison de nos yeux habitués à avoir des visuels modernes et globalement assez souvent spectaculaires. Ici, nous aurons des images qui semblent, pour nos yeux de 2025, inachevées. Les reliefs afin de donner vie à la 3D vont alimenter une imagerie géométrique, assez rudimentaire.
Tout comme Dune de David Lynch (1984), Tron va avoir le droit à une refonte visuelle permettant (d’essayer) d’exploiter le plein potentiel de l’univers.
Nos yeux vont donc injustement juger un film coincé dans son temps, malgré un scénario qui va résonner dans de nombreux autres écrits par ses thématiques : l’oppression, la résistance en guerre face à une dictature, et bien évidemment la menace de l’intelligence artificielle.
Finalement, le plus beau plan, qui pour le coup, ne vieillira sûrement pas, sera ironiquement fait sans rajouts visuels. En effet, il s’agit de la dernière image qui représente une ville éclairée. Par le biais d’un Time Lapse, les lumières de la ville vont créer des traînées lumineuses, nous rappelant le décor virtuel orné de néons, ainsi que le sillage des motos parcourant le jeu vidéo.
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