
28 ans après la sortie du premier opus, TRON : L’Héritage sort au cinéma. Si l’on s’en souvient par la présence des Daft Punk à la bande originale, ce « legasequel » est également remarquable pour deux autres (bonnes) raisons.
Tron a été une véritable révolution à sa sortie. Il s’agissait à l’époque, en 1982, d’un des premiers films mixant des effets spéciaux générés par ordinateur à des effets pratiques (soit 11 ans avant Jurassic Park). Pour la suite, Disney a vu les choses en grand ! Un budget colossal de 170 000 000 $, le retour de Jeff Bridges et une bande originale par les Daft Punk !
Avec le temps, la musique des Daft Punk est presque devenue un poids pour le film, car elle est si mémorable qu’elle a éclipsé presque tout le reste… Pourtant, Tron : L’Héritage propose bien plus que d’excellentes musiques et a, comme son prédécesseur, posé les bases d’une nouvelle technologie au cinéma.
RévoluTron
La problématique de Tron : L’Héritage a été de rajeunir Jeff Bridges. Que ce soit pour des séquences de flashback ou pour son double maléfique (Clu) qui ne vieillit pas, il fallait trouver un moyen de ramener l’ancien visage de l’acteur à l’écran.
Aujourd’hui connue de tous, la technologie de « de-aging » qui a notamment permis à Scorsese de réaliser The Irishman avec un De Niro rajeuni ou à James Mangold d’avoir un jeune Harrison Ford dans le dernier Indiana Jones, n’était en 2010 qu’à ses débuts.
Seul L’Étrange Histoire de Benjamin Button, s’était vraiment penché sur la problématique en 2008, sinon le de-aging était généralement utilisé avec parcimonie (l’effet n’étant pas des plus beaux, il était souvent camouflé).
Arrive alors Tron : L’Héritage qui ne pourra pas se cacher, car son méchant principal devra utiliser cette technologie. L’effet n’est pas parfait, et son côté « Uncanny Valley » passe très bien grâce au scénario. En effet, Tron se passe dans un jeu vidéo, il n’est donc pas choquant d’y voir un clone avec des graphismes ou des textures pas très humaines.
Il n’y a en réalité qu’un seul moment où la technologie fait tâche : au tout début, lorsque le film s’ouvre sur un flashback d’un jeune Jeff Bridges qui parle à son fils. Le film semble d’ailleurs conscient de la laideur de son effet puisque le personnage est constamment dans l’ombre ou de dos pour minimiser le contact visuel avec le de-aging.
Toujours est-il qu’à la fin, Tron : L’Héritage est véritablement le premier film à utiliser cette technologie à une telle ampleur, et ce, des années avant que d’autres grosses productions la réutilisent.

Un futur « grand nom » du cinéma d’action
Tron : L’Héritage a également été l’occasion de découvrir un grand nom du cinéma d’action moderne ! Aujourd’hui, auréolé de succès de Top Gun : Maverick, Oblivion, ou récemment F1, Joseph Kosinski réalisait ici son premier long-métrage.
Le moins que l’on puisse dire est que sa patte était déjà bien visible même sur un tel blockbuster. Ligne de fuite profonde, vues cockpit à foison, caméras embarquées sur les véhicules et décors linéaires : l’esthétisme de Tron : L’Héritage est déjà emprunté de tous les marqueurs visuels de son réalisateur.
Malheureusement pour le film, on retrouve certes toutes les qualités rythmiques et visuelles de Joseph Kosinski, mais également ses défauts… Les personnages ne sont jamais attachants, certaines scènes d’exposition semblent sortir de nulle part quand elles deviennent nécessaires au scénario et la mise en scène poussera souvent des gros plans face cam de personnages pour sur-expliquer ce qu’on aurait pu juste voir à l’écran.
Quoi qu’il en soit, cela reste toujours intéressant de regarder Tron : L’Héritage pour analyser la carrière de son réalisateur et voir les modifications apportées à ses films au fur et à mesure.

Les Daft Punk (parce que « quand même»)
Difficile de ne pas mentionner l’incroyable bande originale créée par les Daft Punk ! C’est une évidence : leur style électro fonctionne parfaitement avec l’univers de Tron (déjà précédemment marqué par le travail de Wendy Carlos) ! Mais la présence de l’Orchestre Symphonique de Londres apporte aussi toute la puissance et la grandeur nécessaire pour les scènes épiques du film.
Sur de nombreuses pistes, le groupe français a fait du layering (ajout successif d’instrument à une boucle musicale) pour permettre une montée en puissance et générer une teinte épique à la musique. On retrouve, par exemple, ce procédé sur Disc Wars ce qui offre à la scène une montée progressive de la tension jusqu’à la bataille.
Avec cette bande originale, les Daft Punk ont fait bien plus qu’habiller un film, mais ont donné une véritable couleur à l’œuvre qui dépasse le cadre de la musique de film. C’est peut-être là le véritable problème de Tron : L’Héritage : sa bande originale est trop parfaite ! Si bien qu’à la fin du film, ce ne sont pas les images ou l’histoire qui restent en tête et la première chose que l’on a envie de faire est de foncer ré-écouter l’album (ndlr. surtout Derezzed).

Tron : L’Héritage est le digne successeur de l’original. Comme son modèle, cette suite propose une véritable innovation technologique et une bande originale électro marquante. Ses seuls bémols sont à mettre sur le scénario un peu trop convenu et le rythme parfois inégal, mais il en ressort un film très divertissant et particulièrement en avance sur son temps.




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