
Et bien, après avoir vu Substitution, je vous annonce, qu’après les débuts prometteurs des frères jumeaux Danny et Michael Philippou, qu’ils peuvent largement s’asseoir à la table de Jordan Peele et Ari Aster. Cela sera prouvé grâce à cette œuvre, qui ne sera pas aussi populaire que Get Out (2017), qui fera moins de bruit qu’Hérédité (2018), mais qui est néanmoins, ma dernière claque au cinéma. À force de voir des films, il est difficile de ressentir ce genre de sensation, c’est ce qui fait d’ailleurs la magie du cinéma, de découvrir une expérience qui va peut-être nous surprendre, en nous faisant ressentir de réelles sensations. Même si cela est désagréable à regarder, ce sera paradoxalement des images magistrales illustrées à travers une puissance visuelle.
Des enfants perdants leur père, la mère perdant sa fille, des morts qui vont venir traumatiser, jusqu’à faire plonger dans une folie aussi terrifiante que meurtrière. Nous aurons donc, à nouveau la thématique du deuil, présentée précédemment lors du dernier film des réalisateurs : La Main (2022).
Le duo de réalisateurs, ont effectivement de la légitimité à mettre en scène un frère et une sœur. Ils vont avec brio illustrer le puissant lien entre Andy (Billy Barratt) et sa petite sœur (Sora Wong), devant surmonter ensemble une épreuve, marquant une vie à jamais. Le deuil sera davantage vécu du point de vue du grand-frère, qui a logiquement des difficultés à vivre cette situation. Andy, a subi de la maltraitance, de la part de son père, ne pouvant maintenant plus écouter le son de l’eau s’évacuant du pommeau de douche avant de s’écraser sur le carrelage de la salle de bain, rappelant le cadavre de son père, étendu sur le sol. Il sera tout comme Mia (La Main), injustement isolé. C’est celui avec qui on va suivre le récit. Nous allons rapidement prendre parti pour lui, surtout après le comportement de Laura (Sally Hawkins) aussi intrusive que dangereuse, pour atteindre Piper, de sortes à accomplir sa monstruosité psychotique. Par ailleurs, l’actrice doublement nommée par les Oscar, notamment pour La Forme de l’eau (2018) livre ici, une performance incroyable.
–Spoilers– L’eau sera le symbole récurrent du métrage. Elle sera là pour accompagner ou causer les décès violents, apportant également une ambiance morose à l’image. En effet, le père meurt dans la douche, l’eau toujours ouverte. Elle va même tuer la fille de Laura, noyée dans la piscine. Tout comme Andy, tué par Laura, dans une flaque d’eau… De plus, l’utilisation de la pluie sera largement présente en fin de métrage, de sortes à maintenir une récurrence horrifique.

LE GORE PASSANT AU RANG SUPÉRIEUR
Si vous vous souvenez de la scène ou Riley se fracasse la tête sur la table, et bien vous allez voir encore plus graphique, pas nécessairement plus violent, mais plutôt davantage organique que cette séquence dans La Main. Les scènes gores vont majoritairement être véhiculées par Oliver (Jonah Wren Phillips), flippant et injustement transformés en monstre par Laura, voulant, comme le concept du film l’expose, transvaser l’âme défunte dans un corps étranger. En réalisant ce procédé, elle va pouvoir redonner vie à sa fille noyée en utilisant l’âme de Piper, présenté à l’issue de ces images terrifiantes renvoyant au found footage, empruntant les codes du rite sataniques ainsi que du cannibalisme, permettant de renforcer le graphisme du gore que les frères Philippou vont réussir à iconiser.
Un son de mâchouillement métallique en hors-champs amorçant l’épouvante. Nous entendons avant de voir l’horrible scène que va devoir stopper Andy. Les cinéastes vont, comme pour leurs habitudes, faire durer de sortes à avoir un résultat organique graphique impressionnant. Cela sera réitéré, toujours par l’envie de l’enfant kidnappé de dévorer, mais cette fois, il s’attaquera à une table avant d’aller plus loin dans sa frénésie animale. Malgré l’horreur et le dégoût absolu, les Philippou vont réussir à rendre ces scènes incroyables grâce à cette maîtrise de la gestion du graphisme.
L’œuvre, se permettra même de réussir à émouvoir, à travers la poésie de cet avion, emportant l’âme d’Andy dignement vers le paradis. Un film qui élargit sa palette de sensations, de quoi nous donner un choc thermique d’émotions.
Les frères Philippou vont faire passer La Main, qui est un bon film, comme un brouillon dans leur filmographie, car Substitution est la preuve que ce duo de cinéaste australien peut impacter un genre artistique.
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