Selvin affiche alternative du film

Sorti en 2006, Slevin est un thriller aux multiples rebondissements qui a bénéficié d’un casting exceptionnel ! Niché entre le film de gangster et la comédie, il n’apparaît que très rarement dans les recommandations de « films à twist », pourtant Slevin n’a rien à envier aux Shutter Island et autres films du même genre. Retour sur un film sous-côté qui mérite d’être (re)découvert.

Slevin est un alignement de planète comme il y en a rarement eu sur grand écran. Morgan Freeman et Sir Ben Kingsley en bookmaker mafieux, Bruce Willis en tueur à gage, Stanley Tucci en flic véreux, Josh Hartnett en victime malchanceuse et Lucy Liu en voisine curieuse ? Impossible sur le papier… Pourtant, c’est bien la promesse tenue par ce film qui allie avec brio un scénario malin et un casting de rêve.

On y suit Slevin Kelevra (Josh Hartnett) qui se rend à New York chez son ami Nick Fisher. Lorsqu’il arrive chez lui, Nick est absent et Slevin se fera embarquer par des mafieux afin qu’il rembourse ses dettes de jeu (celles de Nick). Endetté auprès des deux clans de la ville, Nick (ou plutôt Slevin) devra alors jongler entre les guerres de gangs et les demandes intenables de gangsters pour sauver sa peau.

A travers ce film de mafieux, Paul McGuigan explore différent genre comme la comédie romantique, le burlesque ou le film d’action ! Pourquoi faut-il absolument regarder Slevin ?

Slevin : un scénario qui parle de scénario

Au-delà de son aspect ludique qui poussera constamment le spectateur à se poser des questions :

  • Qui est Nick Fisher ? Pourquoi a-t-il disparu ?
  • Pourquoi les deux gangsters (Morgan Freeman et Sir Ben Kingsley) se font-ils la guerre ?
  • Qui est M. Goodkat (Bruce Willis) et pourquoi travaillent-ils avec les deux mafieux ?

Slevin est surtout un film extrêmement malin et intelligemment construit. Bruce Willis aborde au tout début du récit une technique de meurtre s’intitulant le « Kansas City Shuffle ». Cette méthode consiste à faire regarder sa victime à droite alors que le tueur arrive de la gauche et c’est exactement ce que réalise le scénario de Slevin.

Lançant son spectateur sur des fausses pistes et en le poussant à tout remettre en question, le scénario s’amuse parfois à donner des éléments clés de son intrigue sous-couvert de blague. Le spectateur est constamment pris à contre-pieds et ainsi, lors de la « grande révélation », il réalise qu’il avait déjà tout ce qu’il fallait pour comprendre le plot twist en amont. Cependant, lors du premier visionnage, il est compliqué de différencier le vrai du faux et ce genre de détails ne devient visible que la deuxième fois.

Contrairement à de nombreux « films à twists », Slevin gagne en intérêt à chaque visionnage !

Morgan Freeman dans Slevin

Efficacité, rythme et simplicité

Paul McGuigan (Gangster No 1) réalise ici un excellent thriller brillant de simplicité. En effet, il n’y a pas de grands effets de manches (si ce n’est un plan pour illustrer la confrontation entre Morgan Freeman et Sir Ben Kingsley) et le film est extrêmement limpide.

Passage en filtre jaune/sépia pour les flashbacks, en noir et blanc pour les récits, en couleur classique pour le temps présent. Ce choix est particulièrement bienvenu, car avec plusieurs temporalités à intégrer, plus un scénario alambiqué, il était important que la mise en scène reste simple afin que l’attention du spectateur ne se disperse pas n’importe où.

Slevin brille également par ses dialogues drôles et rythmés qui parviennent à disséminer des informations importantes au milieu d’échanges digne du théâtre de boulevard.

Josh Hartnett et Morgan Freeman dans Slevin

Le choc des titans

Difficile de parler de Slevin sans mentionner LA scène dans laquelle Morgan Freeman et Sir Ben Kingsley joue ensemble. Les deux légendes du Cinéma se retrouvent dans une séquence particulièrement tendue où leurs talents d’acteur seront particulièrement visibles !

Bien sûr, tout le reste du film met aussi en avant ses stars et l’on prend plaisir à découvrir la romance entre Slevin (Josh Hartnett) et sa voisine énergique (Lucy Liu), mais tout culmine vers la séquence phare du film. Révélations, mensonges, sadismes de ses méchants : tout le passif développé durant presque 1h30 est utilisé dans cette scène qui vient clôturer un film richement construit.

Morgan Freeman et Sir Ben Kingsley dans Slevin

Slevin est un film injustement oublié qui mérite une véritable remise en avant ! Peut-être que le film souffre un peu trop d’une patte « année 2000 » ou que son aspect comique le rétrograde au rang des « films sympas », mais dans les faits, Slevin est à la même table que des films comme Shutter Island ou Sixième Sens.