
Requiem for A Dream est le chef-d’œuvre de Darren Aronofsky, partageant avec Black Swan la vitrine principale du réalisateur américain. Ces deux films ne vont pas seulement cohabiter, mais converser par leurs thématiques, ainsi que par leur représentation similaire.
DUEL AU SOMMET
L’addiction est bien évidemment le thème principal de Requiem for A Dream. Nina Sayers aura également une obsession comparable à l’addiction : celle de réussir et d’atteindre le sommet. Pour traiter cela, nous aurons, tous comme pour le côté sombre du cygne blanc, cette plongée en enfer, accompagnée par ces horreurs : l’organisme de Nina faisant écho au bras d’Harry (Jared Leto) ou la déshumanisation psychologique, conséquences terrifiantes subit par Marion (Jennifer Connelly) et la folie progressive de Sara (Ellen Burstyn) la mère d’Harry.
Black Swan a un cadre plus structuré en termes de forme scénaristique que Requiem for A Dream, qui nous propose, tout comme le film porté par Natalie Portman, un scénario clair, simple et efficace. Il aura le loisir de, premièrement, emprunter plusieurs points de vues de ces personnages victimes de substances illicites, contrairement à Black Swan, qui aura comme seul point de vue : celui de Nina, ce qui renforce ce côté « cadre solide« , ne se dispersant pas parmi d’autres personnages. Cela donnera, néanmoins, un côté plus intéressant à Requiem for A Dream, car il apportera une richesse supplémentaire, par ces différentes situations convergeant vers l’addiction, ce qui est peut-être l’une des raisons expliquant pourquoi il s’agit du chef-d’œuvre d’Aronofsky, devançant Black Swan.

LE CAPITALISTE, FACTEUR DE LA FOLIE
Ce film pourrait être, par ailleurs, une sensibilisation assez efficace contre la consommation de drogues, montrant la difficulté à se libérer de cette spirale infernale. Le métrage parle de consommation, étant un facteur de l’addiction, car pour la préserver, il faut consommer. D’ailleurs, un outil, ou plutôt, une arme de consommation, sera souvent représentée, surtout par le biais du point de vue de Sara. Cet objet est la télévision, qui va même servir à Tyrone (Marlone Wayans) et Harry en vendant le bien de la mère de ce dernier, pour s’acheter de la drogue. Obnubilé par sa perte de poids, le traitement médical de Sara, va donner raison à son obsession. Une addiction qui va donner l’illusion ou plutôt aggraver l’instabilité de ces personnages, devenant dépendant à la drogue, jusqu’à aller à ce qu’Aronofsky aime mettre en scène : la folie.

UN RÊVE A PORTÉ DE FENÊTRE
Ce ponton, donnant vers l’horizon, va s’illuminer, tel le rêve que va entrevoir Harry avec Marion. Tout comme Sara, rêvant de se voir à la télévision dans cette robe rouge, Harry vivra une vision de bonheur ensoleillée, loin de la crasse et de l’obscurité contribuant à la tonalité terne du film. Malheureusement, ce rêve ne sera sans doute jamais atteint, en raison de cette plongée dans un cauchemar, représentant l’unique réalité. Un rêve qui ne semble néanmoins pas inaccessible, avant que les conséquences ne deviennent irréversibles. Tous comme Marion, qui avait littéralement à portée de main ce rêve, à travers sa photo la représentant heureuse avec son copain, Harry. Cependant, elle décide de retourner l’image, dévoilant le numéro de téléphone qui la fera basculer davantage dans le cauchemar.
Requiem for A Dream jouera donc, sur ce qui est réel et ce qu’il ne l’est pas, que ce soit Harry s’imaginant provoquer un policier en jouant avec son revolver, ou sa mère entendant son réfrigérateur tambouriner telle une créature. La folie revient donc confondant, tous comme pour Black Swan, réalité et hallucinations.
Requiem for A Dream est donc un chef-d’œuvre, nous accompagnant dans la plongée abyssale de ces personnages, allant jusqu’à l’autodestruction, en raison de l’addiction, qui aura pour effet de nous laisser une marque dans notre cinéphilie aussi indélébile que réussite.
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