Brad Bird revient après Les Indestructibles pour présenter une œuvre peut-être encore plus impactante : Ratatouille. Ce film est sans doute le chef-d’œuvre du réalisateur, confirmant après son film d’animation sur la famille de superhéros qu’il est l’un des piliers de Pixar.

« TOUT LE MONDE PEUT CUISINER »

Cette phrase reviendra souvent de sorte à délivrer le message d’égalité que Ratatouille nous présentera à travers l’un des rayonnements principaux de la ville mise en vedette, qui sera bien évidemment la gastronomie.

Remy est un rat qui souhaite s’affranchir de son quotidien miséreux afin de donner un sens à sa vie, à son talent pour pouvoir faire ce qu’il a toujours rêvé : cuisiner. Le problème, c’est que Remy est un rat, et que les rats sont considérés comme des nuisibles, et encore plus dans un milieu où l’hygiène doit être irréprochable. Ce n’est pas anodin qu’un rat soit choisi pour être le porte-étendard de l’égalité, car l’utilisation de ce symbole qui provoque le dégoût donne un sens énorme à la phrase du défunt chef cuistot de renom : Gusteau « Tout le monde peut cuisiner »… même un rat.

Il lui faudra néanmoins du courage pour saisir l’opportunité de se faire une place dans un monde qui le rejette, celui des humains, représentés de manière hostile tout comme un certain autre film Pixar de Pete Docter.

CHANCE ET INJUSTICE

La cuisine est une chance pour que Remy puisse sortir de la pauvreté, tout comme les autres membres de l’équipe qui procéderont à leur rédemption grâce à la cuisine.

À l’inverse, le milieu de la gastronomie est une injustice. En effet, pour toujours rester dans l’égalité, le personnage de Colette apportera un message féministe en tant que seule femme de la cuisine. Elle s’imposera par sa forte présence afin de faire valoir sa crédibilité légitime dans ce milieu d’hommes qui a été traité notamment dans le court-métrage de Kristen Lester. Une injustice d’être née en étant désavantagée et de devoir fournir plus de travail, tout en faisant preuve de force d’esprit et de caractère. Ce sera d’ailleurs d’autant plus injuste et frustrant quand un pistonné portant le nom de Linguini, fils de Renata, ancienne proche de Gusteau, fait son irruption dans la prestigieuse cuisine, sans apporter de talent, de connaissance ou de travail fournis. Il apportera néanmoins sa maladresse, même si on aperçoit visiblement de l’espérance dans le service en salle. Linguini a sur le papier juste la chance d’être le fils d’un père reconnu, malgré ses qualités bienveillantes.

Et sa chance ne s’arrête pas là, car elle va s’amplifier. Linguini deviendra dépendant de Remy, contrôlant le jeune homme pour que le petit rongeur puisse enfin cuisiner. Linguini sera donc projeté sur le devant de la scène grâce à Remy pendant que d’autres, donnant toutes leurs énergies au travail, aussi talentueux qu’ils puissent être, resteront à leur place durement gagnée.

Finalement, le film nous montre que, malheureusement, pour se faire une place dans le monde de son choix, certains marginalisés doivent, pour s’illustrer, cacher la vérité pour permettre d’accepter un mensonge.