Il était une fois en Amérique, sera un projet qui se concrétisera grâce à la détermination, la passion ainsi qu’à la patience de Sergio Leone. En effet, le réalisateur de la trilogie du dollar a commencé le développement du projet à la fin des années 60. Une pré-production qui donnera finalement raison à 8h d’images, qui sera bien entendu recalibrée pour une version cinéma.

Cette œuvre, prenant place principalement dans les années 1930, à la fin de la prohibition, est la quintessence du film de gangsters, allant au-delà (pour moi) des œuvres de Francis Ford Coppola ou Martin Scorsese, nous offrant un réel monument traitant du temps, des remords, de l’amitié, de la destruction et de l’identité.

Tout d’abord, parlons de l’aura du film, à part entière, qui va être permis par plusieurs ingrédients prestigieux. Tout d’abord, il y aura bien évidemment la manière dont Leone filmera De Niro, qui est lui-même celui qui va donner vie au grandiose, errant tel un fantôme à travers les vestiges de son passé. La cerise sur le gâteau sera bien entendu, la partition d’Ennio Morricone, accompagnant à nouveau les images du maître du Western. Une musique qui ne sera pas juste là, pour habiller une scène, car le compositeur italien sera la rendre vivante, narrative, lui créant une personnalité que l’on pourrait même assimiler à un personnage. Tout cela va contribuer à une sensation à part, contribué également par le peu de mots prononcés en début de métrage.

UN RÉCIT ET UNE ŒUVRE À TRAVERS LE TEMPS

Le terme « fresque » désigne une œuvre d’art, ce qui est un adjectif qui correspond très bien à Il était une fois en Amérique, mais il va également illustrer comment l’œuvre va se déployer à travers le temps, qui est, l’une des thématiques de ce métrage. Nous allons naviguer entre plusieurs temporalités déstructurant une chronologie linéaire. Sergio Leone nous montrera l’amitié naissante entre Noodles et Max, accompagné par leurs fidèles amis. Une amitié qui deviendra fraternelle, et qui sera le pilier de ce groupe, représentant l’une des caractéristiques du film de mafia, qui est de développer la famille que nous choisissons.

De plus, la première interaction entre Noodles et Max, se fera à travers leur habilité à voler une montre à gousset, ce qui fait écho au temps. Cette métaphore ira finalement beaucoup plus loin, car c’est Max qui gardera cette montre. Ce qui traduira de tout ce qu’il aura volé à Noodles : Déborah, son argent et… Son temps.

PLUS ON EN VEUT ET MOINS ON EN A

Sergio Leone, s’est plus qu’exercé dans ses métrages de Western, pour faire ce chef-d’œuvre, car il va reprendre des cadrages du genre, dans cette ville au passage central, caractéristique du film de cow-boys, un décor sale, grisonnant, ou plutôt, marronâtre.

Patrick Goldberg, enfant, va en une scène montrée l’obsession dévorante du pouvoir que lui et ses comparses vont emprunter. Ce dernier a acheté une pâtisserie qu’il voulait offrir à Peggy, mais il va finalement goûter le gâteau, puis en prendre un bout, de plus en plus gros, jusqu’à le dévorer. Cela montre l’appétit et l’obsession de toujours en vouloir plus.

Noodles, comme Max vont se cacher, tout en étant curieux de ce qu’il se passe autour d’eux, allant jusqu’à jongler entre différentes identités, que ce soit celle de David Aaronson/Noodles/Robert Williams ou Max/Secrétaire Bailey.

Même si c’est Noodles que nous allons suivre, le film ne va pas faire en sorte que l’on s’attaque à lui, en raison de ses actes ignobles. Nous allons le suivre, dans ses destructions menant à son auto-destruction, son malheur d’avoir commis l’irréparable avec Déborah, celle qui l’aimera pour le restant de ses jours.

Le sourire de fin de De Niro, aura de quoi déstabiliser, vu les circonstances. Cependant avec ce qu’il a traversé, tout ce qu’il a causé, ce qui lui est arrivé (par sa faute) aura de quoi le rendre fou. C’est comme ça que je l’analyserais, un sourire de folie dans une vie qu’il aura saccagée.

Sergio Leone présente donc son ultime film, achevant en 1984, sa carrière légendaire se terminant par une œuvre qui traversera le temps à jamais.