Si je vous dis « zombies », « Corée du Sud » et « film culte », vous pensez à quoi ? À « Dernier Train pour Busan » ? Hé bien, oui, c’est logique mais aujourd’hui, nous allons nous attaquer à une œuvre de la même branche, si ce n’est qu’elle n’est « culte » que pour les amateur.ice.s de nanars.

Sorti en France en août 2023, « Gangnam Zombie » est le fruit du réalisateur Lee Soo-seong, qui est aussi à l’origine de « House with a Good View » (2012) et « Road Kill » (2019). Pour son dernier film, Soo-seong a reçu des critiques plus que mitigées en éloges. Avec la note moyenne de 2/5, il prêche la convaincue de nanars que je suis.

Pour mieux vous partager les émotions qui m’ont traversée en le regardant, je ne vais pas faire de résumé pré-analyse, mais mélanger les deux, afin que chaque instant puisse être savouré en temps réel.

Gangnam Zombie (2023) – IMDb

Le film commence par un aperçu qui donne son contexte : deux personnes se battent contre des zombies dans un centre commercial et… ellipse, flashback ? Ce n’est pas très clair mais deux cambrioleurs sont en train de voler des bijoux quand l’un d’eux se fait griffer par un chat, ce qui lui provoque rapidement des symptômes le rendant agressif : il attaque donc son coéquipier. Il est le zombie originel.

Après une autre mise en contexte (on constate que le montage aime beaucoup donner des détails pour justifier que c’est un film de zombies) dans laquelle il nous est montré des extraits de journaux télévisés et autres infos liant le Covid-19 à l’épidémie zombificatrice, nous sommes enfin dans le présent, au moment où les actions vont enfin se dérouler.

Période de Noël, l’infecté originel sème le trouble à Gangnam, et on découvre le premier personnage principal (vivant) du film : Hyeon-seok (performé par Ji Il-joo) qui va sauver le deuxième personnage principal, Min-jeong (incarnée par Park Ji-yeon), d’une dispute avec des truands. Ils semblent se connaître, mais ce n’est pas explicitement montré pour l’instant. Et, comme on n’avait pas encore assez de scènes superposées, un nouveau personnage nous est présenté : la propriétaire de Hyeon-seok, Soon-ja (je crois que l’actrice est Jung Yi-joo mais les informations sur ce film sont assez faibles et je ne suis pas sûre de qui elle est ; il semblerait que ce soit son premier rôle). On est alors plongés dans l’univers du jeune homme, qui est en fait YouTuber et collègue de Min-jeong (pour qui il a des sentiments).

Vous vous demandez sûrement pourquoi on connaît la propriétaire de Hyeon-seok. Hé bien, elle parle avec un agent de sécurité et celui-ci a sa propre scène, dans laquelle il fait du breakdance. Voilà, c’est tout ce qu’il s’est passé en quinze minutes.

Après cette scène, je vais faire une « petite » ellipse, puisque quatorze minutes plus tard, soit trente-neuf minutes après le début du film, il n’y a toujours pas de zombies. C’est bien sympa de prendre son temps, mais pour un film d’une heure et vingt-et-une minutes, c’est beaucoup ; et moi, je veux voir de la bagarre !

Gangnam Zombie (2023) – IMDb

Ça tombe bien, parce qu’enfin, le moment que nous attendions tou.te.s est arrivé : le zombie originel attaque quelqu’un ! Et on apprend même à le connaître, puisqu’on le voit se regarder dans un rétroviseur et hurler à cause de son apparence. Serait-il en fait conscient ? Quoiqu’il en soit, le virus commence à se répandre. On passe très vite à une autre scène -comme souvent depuis le début du film- dans laquelle la propriétaire, qui est aussi celle des bureaux et du centre commercial dans lesquels travaillent les personnages principaux, refuse de contacter la police qui pourrait les protéger des zombies qui se sont infiltrés dans le bâtiment. Sa raison est très simple et compréhensible : si le monde sait que des zombies sont entrés sur sa propriété, les loyers risquent de baisser et ça, ce serait un véritable drame.

À partir de là, les actions s’enchaînent : Hyeon-seok se bat contre les zombies à l’aide de ses puissantes jambes entraînées au taekwondo et il réussit à protéger tout le trio qu’il forme avec Min-jeong et un de ses amis, ou presque, car son pote finit par se faire bouffer comme tant de personnes avant lui. Le duo à présent formé réussit à s’enfuir et en profite pour se taper une petite sieste. Min-jeong se réveille en hurlant à côté de Hyeon-seok qui lui demande : « tu as rêvé de quelque chose d’effrayant ? » et, pour ça, on salue sa perspicacité. Après cette scène dont on ne remettra pas en question l’utilité, ils attirent les zombies en diffusant du hardrock sur une radio, mettant en péril la vie de Hyeon-seok qui doit se faire secourir in extremis par sa crush, armée d’un extincteur… qu’elle utilise, non pas pour frapper les morts-vivants, mais pour les arroser de produit. Malgré ce choix questionnable, ils arrivent à prendre la fuite mais se font vite retrouver par l’infecté originel, qui semble clairement increvable.

Malheureusement, quand il meurt enfin, c’est Soon-ja qui réussit à avoir la cheville de Hyeon-seok, nous transportant dans une séquence émotion tout à fait touchante. Min-jeong le serre dans ses bras. L’affection qu’il lui demandait semble alors être sa dernière volonté, exaucée. Il se lève pour la raccompagner, tel le héros sacrifié après avoir sauvé l’élue de son cœur. C’est alors qu’un dentier tombe. La proprio avait un dentier. Il est sauf !

Cette scène, de loin la plus drôle et mieux amenée du film, clôture leur lutte contre les mangeurs d’humains… enfin, c’est ce qu’ils croient en quittant le centre commercial (parce que oui, ce sont eux, les personnages du début) : le zombie originel est de retour, complètement acharné, c’est à se demander s’il n’est pas le véritable personnage principal de ce film. Ce dernier sort également, et c’est la fin. Générique.

Copyright Splendid Film Film Gangnam Zombie

Entre attente frisant l’ennui pendant, tout de même, quarante minutes, et rires de dépit face au jeu des acteurs et aux actions qui, une fois commencées, n’ont cessé de me surprendre, j’ai beaucoup aimé l’expérience qu’a été le visionnage de ce film le 25 décembre 2023 et je commence même à me demander si je ne devrais pas en faire un rituel. Mais non, je ne vais pas m’infliger de le regarder tous les deux ans le jour de Noël car il n’y a aucune raison d’attendre Noël pour le regarder alors qu’il y a plein d’autres jours dans deux années. Plus sérieusement, je le reverrai avec plaisir, car il est un bon navet comme on les aime : court, mais qui arrive à distordre le temps, de sorte à ce qu’on ait l’impression de passer plus d’une heure et demie devant. En réalité, on n’a fait qu’être témoins d’un scénario mal tissé, d’effets spéciaux assez moyens, d’une mise en scène décousue et d’un jeu d’acteurs tout juste convenable pour ne pas être ridicule. Si ma critique est dure, elle décrit surtout mon amour pour ce genre d’œuvres : ce n’est pas la première du réalisateur, loin de là, il en a fait quasiment vingt et, pourtant, il a réussi à rendre ce film, avec ses idées qui auraient pu fonctionner dans un autre contexte, le sujet de tellement de mauvais avis.

Selon le mien, il n’est vraiment pas si horrible. Oui, il a peu d’intérêt quand on n’aime pas profiter d’un cinéma plus simple, quand on n’est captivé que par de la qualité accessible au large public ; mais il est aussi appréciable en tant que film qui essaie d’exister, d’un réalisateur qui a concrétisé une idée, si bancale soit-elle dans son exécution. Et c’est ça qui fait passer ces longues minutes d’ennui pour des heures de fun et qui fait que je chercherai le blu-ray de cette production, afin de relancer l’horloge, à l’infini.