
Après avoir suivi Tom Cruise sur Top Gun : Maverick et Oblivion, Joseph Kosinski est revenu au cinéma cette année avec Brad Pitt et le film F1. Ce projet de longue date, financé (en partie) par la légende de la discipline (Lewis Hamilton), met-il la gomme à la concurrence ?
Cela fait maintenant plusieurs années que la Formule 1 laisse entrer des caméras dans ses coulisses. Netflix réalise la série controversée Drive to survive et cette année Joseph Kosinski a pu sortir son film F1 en profitant d’accès à de très nombreux circuits, aux paddocks et à des caméos de pilotes officiels.
Sur le papier, le projet est alléchant. Brad Pitt en vieux briscard de l’asphalte rejoint la dernière écurie de la grille et un jeune pilote impétueux qui ne se laissera pas marcher dessus. On retrouve ici la même formule que dans Top Gun : Maverick avec la vieille école qui se frotte à la nouvelle… Mais est-ce réellement dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes ?
F1 : Drive to impress
F1 est le relooking ultime de la discipline et Joseph Kosinski a mis les petits plats dans les grands pour faire ressentir ce qu’un pilote vit à l’intérieur de sa monoplace. Grâce à ses caméras IMAX fixées dans les voitures, sur des rambardes ou sur des drones, le montage des courses est extrêmement dynamique et chaque Grand Prix plonge le spectateur au cœur du rythme effréné de la course.
Un rythme qui est notamment soutenu par l’excellente B.O d’Hans Zimmer, mais aussi par les compositions d’artistes réputés comme Doja Cat, Tate McRae ou Ed Sheeran.
Un vrai bon point quand les Grands Prix représentent tout de même, si ce n’est la moitié, à minima, un bon tiers du film.

La F1 pour les nuls
Autre grande qualité du film : la vulgarisation de la Formule 1. En effet, il n’est pas nécessaire de s’y connaitre en F1 pour apprécier le film et il y a même fort à parier que moins vous en saurez sur la discipline, plus vous passerez un agréable moment.
Car le film explique tout : les arrêts au stand, les types de pneus, les rivalités entre pilotes, les règles de la FIA. Tout est simplifié et s’intègre de manière limpide dans le film pour qu’un maximum de spectateurs puissent comprendre ce qui se passe à l’écran.
Malheureusement, cette sur-simplification de tout pousse le film à faire n’importe quoi… Brad Pitt agresse volontairement d’autres pilotes en course pour casser sa voiture et provoquer un drapeau jaune ? Pas de pénalité. Brad Pitt bloque pendant un tour une voiture en avance malgré le drapeau bleu ? Pas de pénalité. Brad Pitt percute son coéquipier ? Pas de pénalité. C’est un peu facile…
Il est également compliqué de comprendre la logique de certaines courses. Un coup, Brad Pitt est 18ᵉ avec un tour de retard sur tout le monde. Deux tours plus tard, il est troisième à une seconde du 2ᵉ… Les concurrents ont-ils roulé en marche arrière pendant l’ellipse ? Incompréhensible, mais cela amène son lot de spectacle et de tension : un mal pour un bien, finalement.

La trace de frein
Seulement voilà, le métrage n’a pas besoin des facilités scénaristiques en course pour être lourd, il y arrive aussi très bien tout seul durant le reste du film. Car en dehors de la piste, il y a des dialogues et on regrette parfois de ne pas avoir uniquement le bruit des pneus…
Entre deux courses, il faudra donc subir les remarques faussement badass et rétrogrades d’un Brad Pitt en bout de piste, les plaintes constantes d’un jeune millionnaire chouineur et le vide complet d’une ingénieure inutile…
« Inutile », pas totalement, car en bon personnage périmé des années 80, le seul rôle féminin du film ne peut exister sans être un love interest pour l’homme fort et viril du film. Tout le scénario se déroule sans accroc pour aboutir sur la non-évolution programmée de son personnage principal, parce qu’au fond le but n’était pas de raconter une histoire, mais de mettre en avant sa star : Brad Pitt.

Le Space Jam de la F1 ?
Une publicité pour sa star, mais aussi pour la Formule 1 qui s’offre ici un gros coup de projecteur ! Tout le monde peut apprécier de beaux plans sur de magnifiques circuits, s’imprégner de l’ambiance des paddocks, admirer le talent des vrais pilotes, comprendre les règles de la F1 et rentrer chez soi pour prendre un abonnement.
En effet, ce film sort dans un contexte d’élargissement de la F1 au marché américain qui est actuellement plus tourné vers le Nascar ou l’Indy Car. Ainsi, cette drague des US a commencé en 2022 avec l’installation d’un Grand Prix à Miami et s’est poursuivie en 2023 avec le retour d’un Grand Prix à Las Vegas. 2 GP dans un pays et un film qui fait l’éloge d’un pilote américain : F1 transpire davantage la publicité maquillée que les réelles envies de cinéma…

Si F1 n’est jamais très plaisant à écouter, il n’en demeure pas moins satisfaisant à regarder durant les courses. C’est donc avec amertume que le film rappelle qu’une course n’est pas un sprint, mais un marathon… et qu’un marathon : c’est long.
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