
À peine 1 an après le buzz du jeu vidéo sur Twitch, Exit 8 le film sort au cinéma. Très vite mis en production pour surfer sur le buzz du jeu, ce long métrage est-il finalement une si bonne idée que ça ?
En 2024, le jeu vidéo indépendant Exit 8 cartonne sur Twitch. Le joueur y incarne un personnage bloqué dans un couloir de métro, qui doit atteindre la sortie numéro 8. Pour cela, il devra avancer en boucle dans le même couloir et repérer des anomalies. À la moindre anomalie détectée, il faudra faire demi-tour pour avancer d’un niveau (si aucune anomalie n’est présente, il devra alors avancer dans le sens normal du couloir).
Il s’agit d’un jeu semi-horrifique où l’atmosphère claustrophobique et quelques jumpscares viennent plonger le joueur dans un état de tension permanent pendant qu’il tente de jouer aux 7 différences pour sortir du métro.
Suite à ce carton en ligne, la Toho (société de production japonaise) lance un projet de film mi-2024, le film se tourne alors en décembre pour être présenté quelques mois plus tard à Cannes et sortir officiellement en septembre 2025. Ce processus de production est très rapide et interroge sur la qualité finale du film : a-t-il été bâclé ?
Le respect du jeu…
En dehors de quelques licences qui arrivent à sortir du lot, les jeux vidéo sont globalement toujours de piètres adaptations… Entre les prises de risques minimales, les clins d’œil lourds et l’incompréhension du matériau originel, les raisons de rater le passage du jeu au film sont nombreuses.
Toutefois, forcé de constater qu’Exit 8 respecte scrupuleusement son concept initial. Le film débute par un jeune homme dans le métro qui apprend que son ex est enceinte et lui demande ce qu’elle doit faire du bébé. Lorsqu’il sort de son train, il se retrouve alors piégé dans les couloirs et devra tout faire pour sortir de la boucle. Le concept du jeu est respecté et le film commence même par un plan séquence en vue FPS pour rappeler la vision qu’a le joueur sur son PC.
Quelques libertés sont prises en ajoutant un enfant qui accompagnera le personnage principal durant le film (et le poussera à remettre en question ses doutes sur la paternité) et une origin story est ajoutée à un des éléments du couloir (l’homme qui marche).
Du point de vue de l’adaptation, rien ne dépasse. Le film promettait une expérience similaire au jeu vidéo (et bien qu’on puisse lui reprocher d’être un peu calme sur l’horreur), le contrat est bel et bien respecté.

… une fausse bonne idée
« Adapter, c’est trahir » et peut-être qu’Exit 8 manque de trahison… A trop vouloir respecter le jeu, le film ajoute une origin story pour les fans qui s’intègre assez mal au propos du film. D’un autre côté, la mise en scène montre souvent les anomalies au spectateur en avance par rapport au personnage, ce qui ruine l’effet de surprise essentiel au jeu et, pire, le film est mou !
Difficile de ne pas ressentir la passion qu’a Genki Kawamura pour le jeu tant il s’attarde sur des détails et prend son temps à montrer des éléments, mais le problème est que cette surexposition de futilités plombe le rythme du film. Là où le jeu est nerveux et pousse le joueur à courir dans les couloirs pour sortir, le film traine la patte pendant 1h30…
Autre déception, le film prend quelques libertés, mais se rappelle qu’il doit être fidèle et du coup n’en fait rien. Par exemple, le personnage principal (qui n’a pas de prénom) n’a que deux caractéristiques :
- Il doute de vouloir être père.
- Il utilise de la ventoline.
Cette ventoline aurait pu être un élément stressant pour le personnage qui aurait dû constamment courir dans les couloirs et peut-être arriver à court de ventoline… mais non, vers la moitié du film cet élément est complètement abandonné et ne pose jamais de problème. Ce constat est également faisable pour d’autres éléments du film et questionne les véritables intentions derrière ce projet. Car si le but est d’être à ce point fidèle et de ne rien changer au jeu : à quoi bon faire un film ?

Cela dit, Exit 8 n’est pas à ranger dans les purges habituelles d’adaptation de jeux vidéo (oui, Minecraft, c’est de toi qu’on parle) car un véritable soin a été apporté aux jeux des acteurs et aux décors : dans l’ensemble, le film est « propre » et on ne passe pas un mauvais moment devant. Il laisse juste un goût fade de « Tout ça… pour ça ? » qui aurait peut-être pu avoir un fond plus intéressant avec plus de temps accordé à l’écriture et une production moins précipitée.
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