
Enfant, Jill Heinerth voulait devenir astronaute. Mais voilà, au début des années 70, l’idée même qu’une femme puisse devenir pilote d’avion professionnel relevait de la science-fiction, et sa famille lui fit bien comprendre. Pourtant, la petite fille portait cette flamme en elle, une curiosité insatiable qui la poussait à aller de l’avant, à visiter les endroits interdits, dangereux, à vouloir en savoir plus. Sans le savoir alors, Jill présentait les symptômes d’une maladie incurable : le Syndrôme de l’Explorateur.
En 2025, Jill est une célébrité dans le monde très restreint de la plongée spéléologique et exploratrice. Diving into the Darkness tente de retracer en 93 minutes les étapes principales d’une carrière époustouflante, mais aussi, et surtout, non pas d’expliquer, mais d’exprimer ce qu’est cet état d’esprit, ces sensations, qui animent ces êtres humains étranges pour qui aller ou personne d’autre n’a jamais été est primordial. Les raisons peuvent être aussi variées que la science, le profit, l’adrénaline, le désir de repousser les limites… mais le résultat est sans équivoque : les explorateurs sont vraiment une classe à part de l’espèce humaine.
Un mélange intéressant de recréations historiques en images réelles pour certaines et en animation pour d’autres, illustrent la vie de l’exploratrice et les situations et décisions qui l’ont amenée à aujourd’hui, le tout parsemé d’interviews de ses amis, collègues et famille, et narré par elle-même. Malgré le format du documentaire un peu trop classique et « reportage TV », ainsi que les animations un peu enfantines, les images de plongée spéléologiques et le contenu sont tout de même absolument incroyables pour le commun des mortels, donnant au film un aspect didactique et fascinant pour tous les ages. Le danger est omniprésent. Le risque de perdre sa vie au service de l’exploration est constant, et pourtant le besoin d’avancer est plus fort. Comment, alors, mitiger les chances de catastrophe ? Comment réagir si une telle situation se présente ? Car malgré toutes les préparations du monde, un problème grave fini toujours par arriver, surtout quand on est isolé en milieu hostile, les astronautes en savent quelque chose.
Bien sûr, le documentaire fait penser à des classiques du genre comme Le Monde du Silence de Cousteau, Scott de l’Antarctique ou Apollo 11, mais il s’en différencie aussi par le fait que le sujet principal ici est une femme. Son aventure, sa motivation, les difficultés rencontrées et ses multiples accomplissements ne manqueront pas d’être, espérons le, une inspiration pour les futures générations d’exploratrices qui s’entendent encore dire que « tout ça n’est pas pour les filles ».
Diving into the Darkness résume non seulement l’incroyable carrière de Jill Heinerth, mais surtout est une réflexion profonde sur l’esprit d’exploration, qui anime seulement une poignée d’entre nous, mais sans lequel l’humanité entière ne pourrait progresser. Après le visionnage, nous ne pouvons qu’espérer un documentaire centré sur la plongée spéléologique et les merveilles qu’elle permet de découvrir, ou un film épique sur la vie de Jill Heiner et des pionniers de l’exploration spéléologique sous-marine, à la manière de « L’étoffe des héros » peut-être ?
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