Tout comme Amélie et la métaphysique des tubes, Dìdi sera une œuvre s’inspirant de l’enfance ou plutôt de l’adolescence de son auteur, à savoir Sean Wang. Il va dresser le portrait de cette étape de vie entre deux cultures différentes. Plusieurs noms, seront attribués au personnage principal incarné par Izaac Wang, de quoi se perdre dans son propre monde. Quoi de mieux qu’un film traitant de l’adolescence pour parler de quête d’identité afin d’accompagner cette transition, venant égarer le protagoniste dans sa solitude.

Dìdi, Wang Wang ou Chris ?

Rien que le titre du film portant un nom, montre à quel point la recherche d’identité de Dìdi est le mot-clef du métrage. Se faisant appelé par différents noms à consonance américaine, ou chinoise.

Une identité culturelle venant donc consolider cette recherche de lui-même avec cette vie californienne, qu’il affectionne tant, au profit de ses origines chinoises. Une dualité qui passera par la langue. L’adolescent utilisera l’anglais, tandis que sa mère et sa grand-mère opteront pour le cantonais. Honteux de ne pas être originaire de la terre qu’il idéalise, il va même faire croire à ses contacts professionnels qu’il est issue d’un métissage. Il sera d’ailleurs même prêt à supprimer son identité passée, n’assumant pas ses souvenirs qui font de lui qui il est et qui il sera.

C’est alors qu’il va devoir se professionnaliser sur YouTube, véhiculé par son désir de réaliser et de devenir, comme Ang Lee, l’asiatique se professionnalisant aux États-Unis.

Dìdi va donc se découvrir une passion, solidifiant les bases de sa propre voie qu’il est en train de bâtir à travers l’objectif de son appareil.

Pour l’instant, comme l’illustre l’affiche, Dìdi surf sur ce skateboard iconisant son attirance ainsi que son appartenance au pays-continent. Cette activité propre aux Etats-Unis est une métaphore de ce garçon qui s’appuie sur ce symbole américain auquel il tient tant pour pouvoir avancer.

A travers l’écran

2008 est l’effervescence d’Internet, des débuts de YouTube rentrant dans le quotidien des jeunes. L’identité du film va être permise en se servant de l’écran d’ordinateur qu’utilise Dìdi, pour communiquer ainsi que pour voir des vidéos, avant que lui-même décide de créer ses propres images venant donner un aspect journal intime moderne au long-métrage.

Internet sera donc un outil de mise en scène servant le récit. Le portrait retracé d’une adolescence feel-good, à travers la mise en abyme d’un film montrant des instants de vies d’un garçon, qui lui même capte des souvenirs de son jeune âge.

Dìdi sera illustratif, tel un documentaire, remplit de sincérité et de réalisme évidemment perçue grâce au vécu du réalisateur.

De plus, le film va même réussir à sortir du point de vue omniprésent du protagoniste pour s’intéresser à la mère de ce dernier. Cela permettra d’apporter de la maturité, sortant de l’adolescence de Dìdi pour rentrer dans le regard de la figure maternelle. La caméra va donc brièvement quitter le jeune garçon pour emprunter un regard extérieur, prenant du recul sur ce dernier. Nous pourrons donc ressentir l’amour et la difficulté endurée par la mère de Chris Wang d’élever ses enfants.

Malgré cela, un amour viscéral va donner vie à un regard, en fin de métrage, aussi puissant que magnifique, venant d’une mère remplit de fascination et d’amour envers son enfant.