
Après Jordan Peele – Get Out (2017) et Ari Aster-Hérédité (2018), c’est au tour des frères jumeaux Danny et Michael Philippou d’apporter un vent de fraîcheur au cinéma d’horreur. Un genre apportant des projets, dernièrement, se mouvant de clichés et de déjà vus.
Le duo australien, ira-t-il jusqu’à impacter le genre par sa modernité ?
Il est encore trop tôt pour y répondre. Cependant La Main ou Talk to Me (en version originale) aura de quoi nous présenter l’étendue du potentiel de ces jeunes réalisateurs.
Le métrage est distribué par l’intéressent studio A24, connu pour son contenu indépendant, ce qui aura de quoi nous intriguer, de par la crédibilité du studio, notamment permise grâce à des projets tels que Everything Everywhere All At Once (2022), Moonlight (2016) ou Hérédité ainsi que Midsommar (2019).
L’ouverture du métrage se présentera à travers un plan-séquence lors d’une soirée adolescente. Une ambiance qui va rapidement devenir mystérieuse, engageante, de par l’utilisation de l’image qui n’a pas été accordée par le principal concerné, se terminant par une violence froide. Un seul plan suffira donc, pour nous plonger dans l’univers horrifique.

IRRESPONSABILITÉ JUVÉNILE
Comme présenté dans l’introduction, les soirées étudiantes, sont souvent synonymes de découvertes, d’erreurs parfois inconsidérées menant à des conséquences regrettables.
Le harcèlement via les réseaux sociaux est illustré par ce garçon, tourmenté par un maléfice, exposé aux objectifs des téléphones portables de tous ces adolescents, voulant immortaliser ce moment « dément »… Tout comme les drogues ou l’alcool, dans Talk to Me, des soirées sont organisées afin d’expérimenter l’état de transe, comme l’effet que peux procurer diverses drogues. La nouvelle découverte sera de « jouer » avec l’au-delà, en se laissant « brièvement » posséder, par un être surnaturel pour que ce soit « cool »…
Nous serons, tous comme les personnages que l’on jugent, également accusé, en regardant ce film, de consommer un contenu, qui tout comme les cinéastes vise à nous divertir à travers des pratiques dangereuses, méconnaissables, faisant écho aux substances illicites que découvrent ces adolescents.
Afin de pousser l’inconscience et l’irresponsabilité, Mia (Sophie Wilde) va même laisser le petit frère de Jade (Alexandra Jensen) : Riley (Joe Bird), rentrer en contact avec un esprit, par le biais de l’objet satanique. Ce qui va mener vers la scène phare du métrage, nous présentant l’une des personnalités des frères Philippou : filmer des scènes organiques d’une extrême violence.
De plus, ce moment va permettre de présenter une thématique importante de l’œuvre : le deuil à travers la mère défunte de Mia.

SAVOIR NE PAS SAISIR LA MAIN TENDUE
Cette main tendue, dans le récit est certes l’élément du concept permettant de rallier le monde des morts à celui des vivants, mais il sera également la métaphore du déni. En effet, accepter de prendre cette main tendue, revient à vouloir communiquer avec un esprit démoniaque, se faisant passer pour la mère décédée du personnage principal, bloquant le processus du deuil, coincé à l’étape du déni.
Tout comme les drogues, cette main maléfique va isoler Mia, de sortes à la rendre vulnérable, manipulable par cette oppression malveillante. Elle va vouloir ressayer de communiquer via cette main embaumée, tout comme l’addiction d’une substances, –Spoilers– se terminant de manière (astucieusement) funeste.
Le Kangourou en témoigne, agonisant, formant un foreshadowing de ce qui arrivera à Mia.

La Main nous fera découvrir une manière de filmer l’horreur, appréciable, car là ou les éternels jump scares, mécaniques, ont tendance à être trop amenés, avec très peu d’efforts de mise en scène, ils seront ici délaissés dans ce métrage australien. En effet, même si les Philippou utiliseront le « saut de peur » pour l’apparition des créatures au contact de la main, ils vont surtout montrer leurs monstres, de sortes à les rendre réels. Ils seront filmés, tout comme les personnages, clairement, laissant durer des scènes d’horreurs dérangeantes (comme ce monstre s’approchant trop près des pieds), montrant frontalement le dégoût (par le biais d’un chien, qui aurait mieux fallu laisser dans une autre pièce pendant la soirée) et le fantôme de la mère de Mia, s’allongeant auprès de cette dernière, comme un être humain.
Un film, très intéressant, nous faisant rentrer dans une boucle macabre de la curiosité morbide humaine, nous donnant donc envie de voir le prochain projet des frères Philippou : Substitution-Bring Her Back (2025)
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