
Dernier sorti en date chez Pixar, Elio est un des rares dessin-animés de science-fiction du studio. Souvent bazardé par Disney, ce genre peine à trouver son public : mais est-ce vraiment mérité pour ce film ?
Avez-vous vu des bandes-annonces ou des panneaux publicitaires pour Elio ? Probablement pas (ou peu)… Comme souvent depuis le Covid, Disney ne fait aucun effort pour communiquer autour des nouveaux projets Pixar…
Si Soul et Luca ont l’excuse des confinements, Alerte Rouge a, lui aussi, été balancé sur Disney+ sans trop de raison. Derrière, Pixar a, malheureusement, raté son véritable retour aux affaires avec le bide de Buzz l’Éclair et n’a pu que « sauver les meubles » avec Élémentaire (qui a également souffert d’une communication presque inexistante).
Les seuls films Pixar à être bien vendus par Mickey sont ceux appartenant déjà à une grosse licence : Toy Story 4, et plus récemment Vice-Versa 2… Une (absence de) stratégie qui semble se répéter pour Elio : est-ce vraiment mérité ?
Le renouveau de Pixar
Elio est quasiment un marqueur temporel dans l’histoire de Pixar. Les années 1990-2010 ont été celles de John Lasseter (Toy Story, Cars), Brad Bird (Les indestructibles, Ratatouille) et Pete Docter (Monstres & Cie, Là-haut) à la réalisation des plus gros projets du studio. Entre 2010 et 2020, Pixar a enchainé les films avec des réalisateurs en « one-shot » pour aboutir à un renouvellement de son vivier de talent et à l’émergence de 4 noms :
- Peter Sohn : Le voyage d’Arlo, Élémentaire
- Lee Unkrich et Adrian Molina : Coco
- Domee Shi : Alerte Rouge
Peter Sohn avait déjà eu le droit à deux films et se dirige vers la réalisation d’un troisième avec Les Indestructibles 3, mais les autres attendaient leur heure… jusqu’à : Elio.
Initialement développé par Adrian Molina en solo, le projet a été repris et réécrit par Domee Shi et Madeline Sharafian lorsque le premier réalisateur fut appelé sur Coco 2 (en co-réalisation avec Lee Unkrich).
Avec ce film, Pixar installe véritablement ses nouveaux auteurs et continue d’en intégrer d’autres. Cette stratégie pourrait leur permettre de ne pas se reposer exclusivement sur des suites (ou sur des remakes live action…).
« Elio ! Is it me you’re looking for ? »
En grande partie écrit par Adrian Molina, Elio emprunte de nombreuses voies communes avec Coco dans la construction de son récit. Jeune orphelin qui vit chez sa tante, Elio rêve d’être enlevé par des aliens. C’est en atteignant un endroit pourtant inaccessible (le monde des morts dans Coco) que le jeune homme pourra trouver ce qu’il cherchait (Ernesto de la Cruz pour Coco) et remettre en question son but initial.
Ce chemin balisé n’est en rien un point faible : bien au contraire. En effet, sa structure narrative solide permet au film quelques digressions et moments suspendus afin d’aborder divers thématiques comme le deuil, la solitude, l’héritage, l’écologie, etc.
L’écriture est d’autant plus remarquable qu’Elio est passé dans les mains de nombreux scénaristes et qu’il en ressort un film uniforme où il est toutefois facile d’y déceler ce que chacun à apporter au projet.

Elio : des étoiles dans les yeux
Si le scénario est principalement marqué par le travail d’Adrian Molina, l’esthétique l’est bien plus par celui de sa réalisatrice. Que ce soit pour la rondeur des visages (comme dans Bao) ou le dynamisme de nombreuses scènes, Elio porte définitivement la patte de Domee Shi sur lui.
Le film marque également par sa beauté visuelle grâce à des textures toujours plus réalistes, mais aussi par des jeux de lumières sublimes allant des effets de bioluminescence à une lune brillante au milieu de la nuit.
Cette maitrise visuelle parfaite permet à Elio d’explorer plusieurs genres comme la comédie, le buddy movie et même de faire des détours par l’horreur en jonchant son histoire de quelques références de pop culture pour les parents.

Car c’est bien là, la force de Pixar ! Être capable de raconter une histoire sur plusieurs niveaux de lecture et capter à la fois l’attention des enfants, mais aussi celles des parents. Un défi qui est une nouvelle fois réussi par le studio qui sort un très bon film original de son chapeau alors que sa maison mère préfère mettre le paquet en communication sur Wish, Vaiana 2 ou des remakes insipides… Dommage.
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