13 Jours 13 Nuits rentre dans l’ADN des films du réalisateur français : Martin Bourboulon, par l’intérêt qui porte aux récits historiques. En effet, après Eiffel (2021) et Les Trois Mousquetaires d’Artagnan/Milady (2023), le cinéaste va cette fois adapter un film inspiré de fait réels, mais cette fois, dans notre époque. Un conflit géopolitique, qui aura la triste particularité de n’être toujours pas résolue, ce qui modernise la filmographie de Bourboulon, tout en continuant à garder son âme historique. Même dans le choix de la colorimétrie, il va troquer sa tonalité brunâtre, présenté dans ses films précédents, pour une image plus « classique », réaliste, sans artifices particuliers au niveau de l’image.

Les américains se retirent de la guerre en Afghanistan. Les talibans vont alors en profiter pour contrôler le pays. Seule l’ambassade française, résiste toujours à la violence des terroristes sur le peuple afghan. Mohammed (Roschdy Zem) prendra la responsabilité de sauver 300 afghans implorant l’aide de la puissance mondiale. Malgré l’égoïsme de certains militaires français, Mo, ne va pas seulement émettre de l’empathie à l’égard du peuple opprimé, mais il va agir pour les protéger, car, chaque seconde compte. La paranoïa prend place discrètement avec la suspections de taupes talibans, parmi le peuple afghans, représentant un réel danger pour tous.

Ce genre de film fait écho aux nombreuses propositions américaines traitant de la lutte contre les talibans, que ce soit à travers Zero Dark Thirty (2012), Du Sang et des Larmes (2013), ou American Sniper (2014). Cependant, c’est au tour du cinéma français de mettre en lumière l’implication de l’héxagone à l’étranger.

SUBMERGER PAR LA TERREUR

Le film va illustrer le débordement véhiculé par tous ces innocents. Ils auront peur de la terreur que leur infligent les talibans. Nous aurons d’entrée de métrage, ce sentiment d’être piégé par ces tueurs, assiégeants l’ambassade française, de sorte à étouffer le peuple tout comme leur protecteur, n’hésitent pas à tirer sur les hélicoptères d’exfiltration afin d’exercer leur contrôle sur la situation, qui va devenir ingérable pour les français.

La mise en scène va permettre de montrer le débordement par cet amas d’être humains coincés aux portes de la liberté. Bourboulon va utiliser des vues zénithales ainsi que le débordement de la population afghanes sur la symétrie du cadre, prenant les 3/4 de l’image face au dernier quart des français ne pouvant sauver tout le monde, dépassé par la situation. De plus, une autre puissance : les médias personnifiés par Kate (Sidse Babett Knudsen), vont également ne pas être de taille face à cette impuissance à laquelle les français font face.

NOUS ENDORMIR AVANT EXPLOSION

Il est dommage de voir s’articuler de grosses scènes de tensions orchestrées par Bourboulon s’avérant être des pétards mouillés. Que ce soit la première séquence, par cette phase de négociation, se profilant vers un bains de sang, se terminant par un « on vous laisse partir« , ou par cette scène évoluant sur une route bloquant les afghans ainsi que les militaires français, s’achevant une nouvelle fois par un « on vous laisse partir », alors que l’on s’attendait à nouveau à une explosion de violences. Même cet arc de tension sur le militaire afghans caché dans le coffre de la voiture de l’armée française, méritait une tension encore plus intense, vue son enjeu. Cependant, ce métrage ne se basera pas sur des récurrences de dénouements de séquences à la Tarantino, nous sommes ici sur des situations beaucoup plus réalistes.

(spoilers) La véritable justification de ces coups de pressions qu’infligent Bourboulon à ses personnages prend forme lors de cette dernière scène, qui n’est pas forcément la plus intense par rapport aux deux séquences précédentes, mais qui se terminera pour le coup par, littéralement, l’explosion que l’on présentait beaucoup plus tôt. Comme si Bourboulon nous endormait en ne terminant pas sa tension par sa violence pressentie, pour finalement la dégoupiller là où on s’attendait le moins, ce qui permet de justifier ces scènes antérieures, au goût inachevé, par la surprise.

13 jours 13 nuits est un film de facture très correct, montrant pour une fois, que les américains ne sont pas les seuls sauveurs du monde. Même si, comme le montre le dénouement, la situation n’est pas résolue. Les français ont, malgré tout, réussi à perturber le réseau des talibans, lors de cette opération appelée Apagan.