
John Wick, figure légendaire du cinéma d’action américain, saga dantesque portée par la folle prestation physique d’un Keanu Reeves au sommet de son art et réalisée par le cascadeur à la carrière aussi impressionnante que gigantesque, Chad Stahelski.
Ce ne sont pas moins de quatre films qui verront le jour entre 2014 et 2023. Le premier pose le ton, mais se cherche encore. Puis en 2017 John Wick prend le large, toujours plus généreux dans son action et se permet surtout de renforcer sa mythologie puisqu’il introduit la Grande Table et nous permet de mieux comprendre le fonctionnement de « L’univers de John Wick ». En 2019, craquage total pour le Boogeyman. Performance à cheval, à moto, avec des chiens, fantastique scène dans un musée d’armes, John Wick 3 : Parabellum est un succès (et le meilleur des quatre films selon moi). Enfin en 2023, après une période COVID difficile, John Wick 4 met un terme à la saga (enfin pas vraiment). Là encore, la barre est très haute, départ à Osaka pour finir à Paris en passant par Berlin.
Quatre films, quatre succès et à Hollywood, quand quelque chose marche, on le fait courir. « Le Continental : D’après l’univers de John Wick » est une mini-série produite par Amazon qui raconte la jeunesse de Charon et Winston permettant de savoir comment ces deux-là ont pris le contrôle du Continental. Une série très moyenne dont je ne retiens que la performance de Marina Mazepa et Mark Mushashi dans leur rôle de Hansel et Gretel. Pas franchement un succès.
Cependant, « l’univers de John Wick » n’est pas prêt de s’arrêter de si tôt. En 2022 Lionsgate annonce la production d’un nouveau film John Wick… Sans John Wick. Le tout premier Spin-off de la saga qui portera sur l’une des ballerines de la Ruska Roma. Il faudra donc attendre jusqu’en juin 2025 pour voir débarquer en salle « De l’univers de John Wick : Ballerina »
Dans l’univers de John Wick, vraiment ?

Il est peu dire que l’annonce du film m’a fortement enthousiasmé, premièrement parce que je suis un grand fan de la saga, et deuxièmement, car son rôle principal fut attribué à la comédienne cubaine Ana De Armas qui, certes n’a pas que des classiques à son actif, mais qui a tout de même une très belle carrière et surtout déjà un pied dans le cinéma d’action. Le sous-côté The Gray Man, le très mauvais Ghosted, mais surtout sa très courte mais formidable prestation de Paloma dans Mourir peut attendre, qui vole carrément la vedette à Daniel Craig.
Normalement, c’est le moment où je vous parle un peu du film afin de vous donner mon avis, mais je pense qu’il est important de mettre un peu de contexte sur la production du film, qualifiée de « Mayhem » (Chaotique) par son réalisateur.
Ballerina ne fait initialement pas partie de l’univers JW. Scénario écrit par Shay Hatten, auteur notamment de Army Of Thieves, Army of the Dead, Day Shift, Rebel Moon (que des bangers (non)) et tutti quanti. Il voit son œuvre être rachetée par Lionsgate en 2017, qui décidera ensuite de le réécrire pour le faire rentrer dans la saga des assassins.
Un point de départ déjà bien bancal, mais après tout pourquoi pas, laissons-lui une chance. En 2023 après des projections tests aux États Unis, le verdict tombe : C’est de la merde.
Dans la plupart des cas Lionsgate se serait contenté de faire quelques reshoot avant de renvoyer le film en salle, sauf qu’ici, on parle de John Wick, et personne ne veut entacher l’image de la franchise. Chad Stahelski, alors producteur du film, se met d’accord avec Lionsgate pour repartir réaliser des scènes lui-même. Il ne s’agit plus de « reshoot » mais bien de « newshoots ». Le film est réécrit et retourné dans sa quasi-intégralité voyant sa date de sortie repoussée de Juin 2024, à Juin 2025.
C’est donc à partir de tous ces éléments que je me suis dirigé en salle pour ENFIN avoir une réponse, et ce que j’ai vu ne m’a pas laissé indifférent.
Dans l’univers de John Wick : Paloma

Le film raconte l’histoire de Eve Macarro qui, après avoir vu son père mourir devant ses yeux durant sa tendre enfance, est envoyée à la Ruska Roma pour retrouver une famille. Formée au combat (et à la danse) pendant des années, elle deviendra une redoutable assassine prête à tout pour venger son paternel. Un pitch plutôt simple qui correspond finalement assez bien à l’univers de John Wick.
Ballerina démarre assez fort. On est très rapidement remis dans l’ambiance qui faisait de John Wick un véritable phénomène, couleurs vives, bastons brutales, lisibles et sound-design fracassant. Un début qui réintroduit certains personnages culte de la saga (Winston, Charon, etc) et qui introduit des nouveaux personnages… Malheureusement franchement oubliables, même celui joué par Norman Reedus (5 minutes à l’écran).
Malgré ça, Eve va parcourir moult arènes, certaines déjà vues comme la boite de nuit qui sonne comme un passage obligé pour tout assassin dans l’univers JW, et d’autres insolites comme une voiture en mouvement ou une petite patinoire, mais la force de Ballerina ne réside pas dans ses lieux, elle réside dans ses idées. En plus d’être bien rythmé, Ballerina parvient à renouveler chacune de ses séquences d’actions, patins à glace, bataille d’assiettes, lance-flammes, katana, grenades. Un renouveau qui fait du bien à voir et qui aide surtout à passer outre le scénario qui est certes, simple, mais surtout assez creux, voire carrément maladroit.
Une des grosses différences avec les films originaux est probablement la violence graphique de Ballerina, John Wick n’a jamais été « propre » mais ce dernier gardait une certaine élégance dans sa violence, Eve Macarro répand des tripes aux quatre coins de la pièce, surprenant, mais pas déplaisant.
Si vous êtes venu voir un film qui étend correctement l’univers John Wick, vous êtes au mauvais endroit. Par contre, si vous êtes venu voir un film d’action qui en met plein la vue, alors dans de ce cas-là, je ne peux que vous conseiller le film.
Dans l’univers de John Wick : John Wick

Ana De Armas offre non seulement son plus beau film d’action, mais surtout sa meilleure performance physique depuis le début de sa carrière. Accompagnée par le casting original, Ian McShane, Lance Reddick, Angelica Huston, elle sera également épaulée par Keanu Reeves qui je pense, a plus de scènes dans le film que prévu à l’origine.
La sur-présence de Keanu implique deux problèmes majeurs :
- Problème de chronologie entre John Wick 3 et 4, il n’y a, à priori, aucune raison, aucun moment où John est capable d’être là à ce moment précis si le film se déroule (attention spoiler) après la chute de ce dernier sur le toit du Continental à New York.
- Un spin-off ne devrait pas avoir besoin de John Wick pour faire vivre le film et la licence. Le film devrait faire confiance à son héroine sans avoir besoin de l’aide de Keanu Reeves. C’est déjà pour ça que le film ne s’appelle pas « Ballerina » mais bel et bien « Dans l’univers de John Wick : Ballerina«
Enfin, le choix de prendre Len Wiseman pour faire un spin-off de John Wick était douteux et surprenant puisque le bonhomme n’avait plus rien réalisé depuis 2012. Deux films Underworld, un film Die Hard et le remake de Total Recall. Quatre films moyens et oubliables. Ni plus ni moins.
Ballerina est une bonne copie, reste à savoir si elle appartient à Len Wiseman… Ou à Chad Stahelski ?
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