
Cela fait enfin plaisir de voir un Marvel post-Endgame se hissant parmi les bons films de la franchise inspirée par les œuvres de Stan Lee. Thunderbolts*, réalisé par Jake Shreier, un réalisateur avec une filmographie modeste, ne va pas se concentrer sur la force physique et les pouvoirs surhumains de l’équipe menée par Yelena Belova (Florence Pugh), mais sur leurs psychologie névrosées.
SOLITUDE
Black Widow (2021) a permis d’introduire Yelena, la sœur du personnage éponyme incarné par Scarlett Johansson. Après les événements d’Avengers Endgame (2019), Yelena continue de franchir les étapes du deuil, plongeant dans une solitude douloureuse. Cette souffrance va également impacter tous ces super-héros qui vont accompagner la protagoniste principal, que ce soit le Red Guardian (David Harbour) seul dans son appartement à idolâtrer son passé révolu, de John Walker (Whyatt Russell), qui a été quitté par sa femme emportant avec elle son fils, ou bien Robert Reynolds/Sentry (Lewis Pullman), seul, s’isolant en raison de sa dépression. De plus, même des personnages secondaires qui ne seront pas marqué par cette souffrance vont être montré seul que ce soit Bucky (Sebastian Stan) illustré seul dans son appartement ou Mel (Geraldine Viswanathan), l’assistante de Valentina (Julia Louis-Dreyfus), qui sans Buck serait bien seule face aux intentions controversées de cette dernière. Valentina, elle-même, va donner l’illusion d’être entouré envers les média, par ce qu’elle l’appelle “les nouveaux Avengers”, mais en réalité, il n’en est rien. Elle est seule au même titre que les autres personnages.
LOOSERS HÉROÏQUES
Cette solitude accompagne les personnages à l’allure de loosers. Ce trait caractéristique, mêlé à la solitude, va permettre d’humaniser ces êtres hors normes. Walker ne sera qu’un sous-Captain America, le Red Guardian est dans le déni du temps, loin de présenter une vitrine héroïque, malgré ses interventions comiques qui fonctionnent plutôt bien. Toute l’équipe, malgré leurs compétences importantes, va être ridiculisée par le résultat du projet Sentry, ce personnage surpuissant qui va défaire les Thunderbolts* avec une facilité humiliante.

SENTRY, MÉTAPHORE DE LA DÉPRESSION
La première séquence du film va illustrer Yelena sautée d’un bâtiment. Elle doit accomplir une mission, mais en réalité ce saut est une métaphore du processus thérapeutique : elle fait face au vide pour pouvoir s’en défaire. Pour incarner cette métaphore, le film va se servir de Sentry, qui deviendra le côté le plus sombre, le plus tourmenté et le plus triste de Robert. Une personnification de la dépression qui va se présenter par ce design obscur, uni, avec seulement deux petites lueurs, de sorte à entrevoir le vide dans ses yeux. La puissance de Sentry tire son essence de sa part d’ombre, qui s’avère être plus forte que l’organisme qu’elle parasite. Ce personnage métaphorise les maladies mentales : la dépression en utilisant les traumas, la culpabilité. Il va se servir de ce qu’il personnifie pour atteindre les Thunderbolts*, en les piégeant dans leurs souffrances, leurs traumatismes. Sentry place donc ses victimes en tant que spectateur de leurs actes, leur faisant revivre de manière sadique ces pensées sombres à l’infini, ce qui fait référence aux pensées noires ainsi qu’à son mécanisme cyclique qui alimentent la dépression. La solution pour s’évader de la souffrance, ne sera pas d’user de la force physique, comme les codes des super-héros ont l’habitude d’utiliser, mais de, comme Yelena le dit : d’aller dans la pièce la plus sombre pour que Robert puisse faire face à Sentry, faisant écho à cette manière d’affronter sa dépression pour pouvoir la soigner. Ce sera donc avec l’aide de toute l’équipe de super-héros, que Robert va réussir à lâcher prise, sentant sa solitude s’éloigner par la présence des Thunderbolts* lui permettant de faire face au vide en compagnie de cet entourage qui va aider leur ami au cours de sa thérapie.
Thunderbolts* est donc un bon film Marvel habillé par une bonne bande originale signé « Son Lux ». Les scènes de combats seront plutôt bien exécutées, mais ce sera surtout un métrage qui aura le mérite d’arpenter la profondeur psychologique de ces personnages sur-humains. Ce métrage va également permettre de préparer le terrain pour Avengers Doomsday (sortie prévue en 2026), tout en n’oubliant pas de mentionner ces autres groupes de super-héros tant attendu que ce soient les Avengers de Sam Wilson, ou… Les 4 fantastiques ?