
The Rock et l’équipe de communication de The Smashing Machine mènent une campagne de promotion pour que l’ex-catcheur puisse gagner un Oscar du meilleur acteur avec ce film de combat : mais est-ce mérité ?
The Smashing Machine est le premier film de Benny Safdie en tant que réalisateur solo. Déjà auréolé des succès critiques d’Uncut Gems et Good Time qu’il a coréalisés avec son frère (Josh Safdie), le jeune metteur en scène attaque fort avec un long métrage comportant Dwayne – The Rock – Johnson et Emily Blunt à son casting !
Un plongeon dans le grand bain qui permet aussi à son acteur principal (Dwayne Johnson) de remonter sa cote de popularité et de se racheter une image « d’acteur » en jouant dans un film d’auteur. L’équipe de communication et l’acteur en jouent d’ailleurs énormément et multiplient les appels du pied à l’académie des Oscars pour que The Rock gagne la précieuse statuette…
Sauf qu’après le saut dans le grand bassin, vient l’heure de la douche et elle risque d’être froide.
Des débuts prometteurs pour Benny Safdie
Avec ce premier film, Benny Safdie montre qu’il peut être un réalisateur talentueux. En effet, la mise en scène est un des points forts majeurs de The Smashing Machine. Toujours proche des personnages, la caméra de Benny Safdie est au plus près des émotions durant tout le film et capte parfaitement les non-dits (trop rares) et variations de jeu de ses acteurs.
On retrouve également une caméra portée (déjà présente dans The Curse ou Uncut Gems) qui donne presque un côté documentaire au film et rappelle également les saynètes que l’on pouvait voir entre deux combats de catch. Que ce soit dans les choix de cadrage ou la qualité vidéo, tout le film transpire la fin des années 90/début 2000 et s’adapte particulièrement bien à l’époque décrite dans The Smashing Machine.

Comme un Rock
Malheureusement, The Smashing Machine est aussi excessivement lourd. La faute de son acteur principal qui, sans délivrer une mauvaise performance, n’en produit pas non plus une si marquante que cela… The Rock se retrouve à jouer un combattant d’UFC (Ultimate Fighting Championship) qui doit lutter pour rester au top (tant sur le ring que dans sa vie personnelle).
Il s’agit donc d’un énième film où The Rock joue… The Rock et où il ne possède pas particulièrement de scène marquante. Certes, son personnage (Mark Kerr) pleure 2 fois dans le film, mais se cache constamment derrière ses mains ou des poches de glace pour qu’on ne voie jamais son visage en larmes : pas pratique quand on veut montrer le talent de son acteur.
Autrement, Mark Kerr alterne entre le jeu calme et quelques haussements de ton, mais rien qui mériterait d’être particulièrement mis en avant… De quoi se demander pourquoi et comment l’équipe de The Smashing Machine peut-elle réellement croire à un Oscar ?

Des personnages à l’image, moins dans le texte
Si The Rock n’a pas grand-chose à montrer, c’est aussi parce que les scènes choisies ne lui permettent pas de s’exprimer. Mark Kerr est cantonné à des scènes d’entrainement ou de dialogues posés (la plupart du temps) et ce n’est rien par rapport à Emily Blunt…
Dawn Staples (Emily Blunt), la copine de Mark Kerr, n’apparait que pour des scènes d’engueulades. À part une brève scène où elle boit avec une amie, Emily Blunt n’entre en scène que pour se plaindre, pleurer ou crier… Son personnage est unidimensionnel et reflète parfaitement l’absence de scènes d’intimité dans le couple.
Le film passe son temps à nous montrer un couple dysfonctionnel, mais il est impossible d’avoir de l’empathie pour lui, car on ne l’a jamais vu lorsque ça allait bien. On passe donc le film à se demander : « Qu’est-ce qu’ils font ensemble ?«
Mais les choix curieux ne s’arrêtent pas là. Au-delà de montrer des ébauches de couple, The Smashing Machine se contente souvent de dire et de ne pas montrer.

Du texte à l’image et de l’image nulle part…
Sans grand spoil, le film se termine par un panneau de texte expliquant que les combattants d’aujourd’hui sont riches et célèbres alors que les pionniers comme Mark Kerr sont pauvres et inconnus. Un propos louable, mais que nous a montré le film pour justifier le statut de Mark Kerr ?
Au tout début, on voit bel et bien Mark Kerr dominer 3-4 adversaires, puis : plus rien… avant qu’il ne perde une fois, puis revienne et… perde de nouveau. Si l’on se souvient de l’introduction, il est dit qu’il a gagné de nombreux tournois… mais ce que l’on retient vraiment à la fin, c’est ce que l’on a vu durant 2 h et non une phrase perdue dans un montage à la première minute. Le film nous présente davantage Mark Kerr comme un loser que comme un pionnier.
Pionnier de quoi d’ailleurs ? Qu’a-t-il apporté à l’UFC ? Impossible à dire en sortant de la salle tant les combats sont courts ! Aucun ne dépasse les deux minutes et tout semble se boucler en 3 coups de poing. Les combats ne sont peut-être pas le cœur du film, mais alors pourquoi faire cette phrase moralisatrice à la fin sur l’importance des pionniers si c’est pour ne rien montrer ?

Un montage hasardeux
Et si les combats ne sont pas le cœur du film : quel est le cœur du film ? Le couple ? On a vu que non. La lutte contre la drogue ? Sa sortie de l’addiction se fait en 2 secondes et hors champ. The Smashing Machine ne nous offre même pas une véritable scène d’overdose qui aurait montré l’excès de son personnage et préfère nous servir un récit oral de la scène depuis un lit d’hôpital…
Non pas que cette scène soit inutile (elle permet de renforcer le lien amical entre Kerr et Coleman), mais dans le montage du film Kerr ne s’est drogué qu’une fois à l’image. Après sa première piqure, il y a une autre scène avec sa femme qui lui hurle dessus pour dire qu’il se drogue tout le temps (ça aurait été bien de le montrer du coup) puis cut, elle pleure au téléphone et appelle Coleman pour dire qu’il a fait une overdose et se trouve à l’hôpital.
Il n’y a aucune progression ! On passe directement de la première piqure à l’overdose et de l’overdose à la fin de l’addiction. En effet, à la suite de l’hôpital, The Rock et Emily Blunt se retrouvent chez eux après, semble-t-il, plusieurs mois. Certes, Kerr est toujours en contact avec un médecin, mais on ne nous montre jamais une quelconque rechute ou tentation de sa part.
L’impression qui se dégage est qu’il devait y avoir un film de 3 h qui a été charcuté pour tenir en 2 h et qu’aucun véritable choix n’a été fait. On garde un peu de couple, un peu de drogue, un peu de sport et à la fin, le film a un peu de tout, mais surtout rien de développé.

The Smashing Machine réussit tout de même à raconter une histoire mêlant sport et diverses addictions (compétitions, drogues). Les bonnes idées de Benny Safdie à la réalisation sauvent le film, autrement tout est relativement convenu et/ou insuffisamment exploité.




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