10 ans après l’OVNI Under the Skin (2013), Jonathan Glazer revient sur le grand écran avec : La Zone d’Intérêt. Une nouvelle œuvre sensorielle, qui, comme le long-métrage porté par Scarlett Johnson, aura comme volonté de nous immerger dans une atmosphère désagréable. Une ambiance qui a permis au film de remporter deux Oscars : celui du meilleur film international ainsi que la statuette du meilleur son, après avoir décroché le Grand Prix au festival de Cannes. Dans la Zone d’Intérêt, nous allons retrouver cette atmosphère désagréable et pesante, grandement véhiculée par le contexte historique.

SUBTILITÉ SONORE

L’œuvre utilise l’une des meilleures armes que l’horreur puisse posséder, à savoir : le hors-champ. Cette utilisation va permettre de prouver que sous-entendre l’horreur sera plus effrayant que de la montrer.

Dans la Zone d’Intérêt, on se passe de description contextuelle pour nous immerger directement dans l’horreur, car nous avons compris dès le début de quoi le film allait traiter.

Le métrage se passe à Auschwitz, pendant la Seconde Guerre mondiale. Un commandant nazi vit paisiblement dans un cadre idyllique avec sa famille. Cependant, les murs de sa maison les séparent de l’enfer auquel il participe : le génocide du peuple juif déporté dans le camp de concentration.

Glazer va être plus qu’explicite grâce à la subtilité, avec les fumées qui s’échappent des cheminées, bordant le cadre sans le remplir, afin de rester dans une utilisation fine et intelligente. De plus, nous entendrons les coups de feu, les cris de souffrance omniprésents. L’horreur est donc perçue en partie par le hors-champ sonore. Des nappes auditives, aux sons continus, vont même habiller l’image même quand la scène paraît sans importance. Cela permet avec intelligence de maintenir une tension et un mal-être constants.

Copyright Leonine Stars Christian Friedel Film La Zone d’intérêt

DÉGOÛT ABSOLU

Nous n’avons absolument pas besoin de décrire le personnage du commandant, ou de présenter ses motivations. On sait que c’est un nazi, la figure historique la plus machiavélique, cela se passe donc de présentation. Contrairement à Une vie cachée (2019) de Terrence Malick, où l’on suit le point de vue des Allemands, ici nous allons suivre la vision des nazis, ce qui va créer un dégoût. Il est gênant et inconfortable de voir une famille heureuse alors qu’elle fait subir l’enfer à un peuple juste derrière son mur. Le mal est le protagoniste du film. Le seul antagoniste est la conséquence de leurs actes, représentée magnifiquement dans ce parallèle avec le présent.

La réalisation est froide, terrifiante et viscérale, se reposant sur l’originalité du scénario permise par son choix de point de vue. La réalisation est subtile, comme cette scène où le couple fume une cigarette sans dire un mot, ce qui renvoie aux fumées s’échappant des cheminées. Ils détruisent et enfument un peuple, comme cette cigarette qu’ils consomment.