
LE PARASITE DU TRAUMATISME
C’est en 1985, Irlande, que Tim Mielants signe le portrait alarmant de la situation précaire due à la pauvreté, au danger que la nuit peut abriter ou à la cruauté subit par les institutions. Pour ce faire, le cinéaste va se servir des yeux tristes et impuissants de Cillian Murphy, interprétant un charbonnier appelé Bill Furlong, que nous allons être témoins de cette misère. L’air fragile véhiculé par Bill est l’écho de son trauma d’enfance, que ce soit sa déception à la vue de son cadeau de Noël, par le décès d’un membre de sa famille, ou l’absence de son père. Un traumatisme qui résonne en tant que père de famille de plusieurs filles ou qui se métaphorise à travers sa profession. Bill livre du charbon dans des sacs, donnant l’allure d’un Père Noël, faisant référence à un épisode marquant et douloureux de sa jeunesse avec comme élément clef, une certaine bouillotte. Cet aspect sera également une manière de venir en aide à la situation, en allant de portes en portes pour livrer un besoin à tous ceux qui le demandent.
LE POIDS DE LA SOUFFRANCE
Bill s’inquiète. Il est tourmenté. Indigné de voir des enfants seuls, ne pouvant ni se nourrir ni atteindre une once de dignité. Son inquiétude résulte du malheur du monde, de ce qu’il l’entoure, se chargeant de cette peine sur ses épaules. Il va culpabiliser d’avoir eu cette chance d’avoir grandi dans un cadre social plutôt aisé. Dans un environnement ou sa mère avaient des domestiques à sa disposition afin de l’accompagner dans l’entretient de la ferme. Bill va également culpabiliser d’avoir aujourd’hui les moyens d’aider ces personnes sans les sauver. Eileen (Eileen Walsh) interprétant la femme de Bill, va même faire part d’égoïsme, mais qui sera cruellement nécessaire pour que Bill pour puisse lâcher prise sur le poids qu’il tente de supporter pour pouvoir avancer. Une mentalité Bill ne pourra très logiquement tolérer, s’enfermant même sur soi, auprès de sa moitié.
UN COUVENT AUSSI PUISSANT QUE MALVEILLANT
Tu ne mentiras point, dénonce la puissance de ceux qui sont censés véhiculer le bien, la foi, l’espoir. Cette figure de la religion est représentée par la Sœur Mary (Emily Watson), aussi influente que diabolique. Elle va abuser de son pouvoir visant à corrompre la bienveillance de Bill pour qu’il puisse fermer les yeux sur les maltraitances causées par l’institution religieuse, infligés à Sarah (Sarah Devlin). Sœur Mary, va pour ce faire soudoyer Bill avec cet argent tant convoité. L’argent qui permet d’avoir une vie descente, surtout dans un espace précaire, durant une période festif qui requiert l’achat de biens pour rendre la famille heureuse. Cette séquence est glaçante ainsi que désagréable pour Bill qui va finalement accepter d’être corrompu. Cependant, ce dernier ne peut continuer à fermer les yeux. Il va réussir à faire ce qu’il aurait voulu faire depuis le début : tendre sa main afin d’aider les opprimés de la misère décrit par le réalisateur belge. Un cinéaste qui s’affilie d’une manière à ce personnage, Bill, voulant faire bouger les choses, tout comme son personnage.

Tu ne mentiras point ne vas heureusement pas rentrer dans le cliché, en faisant hurler Cillian Murphy afin de décharger toute cette tristesse et cette rage. Bill va rester cohérent avec sa personnalité, restant dans la retenue, le silence ainsi que dans la pudeur. Ce rôle post-Oscar marque le retour de l’acteur irlandais dans un récit prenant place dans sa terre natale, toujours, et sans surprise au sommet de son art atteignant une justesse de jeu extraordinaire, avec une simplicité déconcertante.