
Réalisé par Yeon Sang-ho, Dernier Train pour Busan est un film de zombie coréen qui a révolutionné un genre pourtant très codifié.
Sorti en 2016, Dernier Train pour Busan a chamboulé les films de zombie. Passé par Cannes, ce premier long-métrage (en live action) de Yeon Sang-ho prend un concept simple sur le papier : un homme et sa fille prennent le train alors qu’une invasion de zombie frappe le monde extérieur.
Cette idée permet au film d’avoir un budget peu élevé (seulement 8,5 millions de dollars), sans pour autant que cette « restriction » ne se voit à l’image ! Mais au-delà d’être bluffant visuellement, Dernier Train pour Busan est aussi un modèle d’efficacité en termes d’écriture et de rythme.
Un modèle d’écriture horrifique
Dernier Train pour Busan brille avant tout par son écriture simple et efficace ! Le film n’accorde que très peu de temps aux dialogues et plonge ses personnages presque immédiatement dans le cœur de l’invasion.
Les protagonistes seront donc rapidement définis par un trait de caractère (physique, une appartenance familiale, un métier) et surtout par leurs actions. Cette mécanique d’écriture fonctionne particulièrement bien, car elle permet de ne pas ralentir le rythme du film qui met constamment ses personnages en tension et met aussi le spectateur à contribution.
En effet, les personnages doivent faire des choix cruciaux pour leur survie et le scénario donne suffisamment de clés à son spectateur pour que celui-ci puisse se dire : « qu’est-ce que j’aurais fait à leur place« . Mais Dernier Train pour Busan est particulièrement efficace, car il ne tombe jamais dans la résolution facile. Les personnages ne font jamais de choix illogiques, ce qui renforce l’attachement que l’on peut avoir pour eux puisque l’on se dit : « dans cette situation, ça aurait pu être moi« .

Une réalisation ingénieuse
Il n’y a que très peu de lieux de tournages dans Un Dernier Train pour Busan. Une route pour le début, un appartement, un bureau, une gare et UN wagon.
Tout le film a été tourné dans le même wagon (en studio), cela vient en grande partie d’une contrainte économique, mais permet aussi à la réalisation de se réinitialiser à chaque passage de wagon.
En effet, Yeon Sang-ho profite de chaque changement de wagon pour modifier sa manière de filmer. On passe ainsi d’un intérieur de wagon filmé en plan séquence de face, à un plan de côté, à un montage cut, à un montage alterné entre deux wagons éloignés, etc.
La mise en scène n’est jamais linéaire et ne cesse de se renouveler tout en maintenant un rythme effréné.

Bien plus qu’un film d’horreur
Phénomène courant dans le cinéma coréen, mais Dernier Train pour Busan n’est pas qu’un film d’horreur et brasse de nombreux genres sans que ceux-ci n’entrent en conflit.
Bien que le film débute comme un film « classique » de zombie avec l’infection et l’arrivée des morts-vivants, Yeon Sang-ho installe également dès l’introduction de son personnage principal des éléments de drames familiaux qui serviront bien plus tard.
Au milieu du film de zombie et du drame, le Dernier Train pour Busan fait un détour par le film d’action, notamment avec une séquence de combat contre des zombies filmée traveling latéral (petit clin d’œil à Oldboy de Park Chan-Wook sorti 13 ans plus tôt).
Ces changements de genre ne sont pas vains, car ils permettent aussi de renouveler l’attention du spectateur : on ne sait jamais ce qui va suivre ! Ce qui, couplé au rythme tendu de la réalisation et du scénario, maintient la pression au maximum durant tout le film.

Dernier Train pour Busan est un film fou qui ne s’arrête jamais ! Dans le fond comme dans la forme, le train et le scénario gardent le pied sur l’accélérateur et ne freinent qu’à la fin ! C’est non seulement un modèle d’écriture horrifique, mais également un modèle d’écriture tout court grâce à sa caractérisation de personnage ultra-efficace qui aboutit sur un final où il est impossible de ne pas pleurer. Un très grand film de zombie !




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