Le 3 octobre 1980 sort en France un film qui marqua mon esprit avide de cinéma, d’enfant des années 70 : Le Trou Noir.

Avec une direction artistique au summum de la coolitude, une ambiance glauque, sépulcrale et mystérieuse, doublée d’une bande originale symphonique tout aussi magistrale qu’angoissante, le long-métrage apparu à ce jeune fan de science-fiction et futur goth, comme la contrepartie idéale à l’univers coloré de La guerre des étoiles, au moins juste avant que je ne découvre Blade Runner,  l’Empire contre attaque ou Alien, le huitième passager quelques mois plus tard. Le souvenir de cette découverte, de la révélation des images et effets spéciaux spatiaux stupéfiants (à l’époque !), des frissons ressentis à l’apparition des méchants du film ainsi qu’aux rebondissements glaçants du lugubre scénario, est toujours bien présent à mon esprit. Il fait partie de ces moments qui définissent la personne qui je suis devenue bien des années plus tard, et qui font que revoir le film, tous les dix à quinze ans, est un petit plaisir coupable dont je ne me lasse jamais.

En 1979, Walt Disney Studios, suite à un changement de gestion après la mort de leur fondateur, est en plein milieu de sa « période sombre » : le studio a du mal à se renouveler et à séduire un nouveau public, boitillant tant bien que mal au box office, renfloué surtout grâce aux ressorties de ses chefs-d’œuvre d’antan. Si quelques nouveaux films d’animation tirent leur épingle du jeu financièrement parlant, comme Robin des Bois, Bernard et Bianca ou encore Rox et Rouky, ceux-ci ne parviennent pas à compenser les pertes financières de la majorité des œuvres cinématographiques du studio à l’époque, pourtant classés et produits comme films de prestiges (Peter et Elliot le dragon, l’île sur le toit du monde, Taram et le chaudron magique…) Au début des années 70, la mode est aux films catastrophes (La tour infernale, Airport, l’aventure du Poseidon…), et elle évolue rapidement vers les films de science-fiction avec le succès énorme en 1977 de La guerre des étoiles et de ses ersatz rapides comme Battlestar Galactica ou même le premier film de la série Star Trek. En pleine recherche de nouvelle identité et de tentative de séduction d’un nouveau public plus adulte, les Studios Disney décident alors de reconvertir un de leurs vieux projets en film catastrophe dans l’espace, tout en capitalisant sur un autre engouement des foules à l’époque, scientifique celui-ci : les mystérieux trous noirs.

L’équipage du Palomino, un vaisseau d’exploration spatiale envoyé à la rencontre d’un trou noir géant pour l’étudier, détecte en orbite de celui-ci, un autre vaisseau spatial d’exploration disparu depuis vingt ans : le Cygnus, apparemment sans vie à bord. Endommagé lors de l’approche observationnelle du Cygnus, le Palomino s’arrime donc au vaisseau porté disparu. L’équipage décide d’en explorer l’intérieur afin d’y chercher des solutions pour réparer leurs avaries et pouvoir compléter leur mission, tout en tentant de résoudre le mystère de la disparition du Cygnus. Bien évidemment, l’immense vaisseau ne sera pas vide, et la raison de sa disparition s’avèrera bien différente de ce que les héros du film imaginent au début de leur aventure.

Pour en savoir plus sur le film, il vous faudra le découvrir, ainsi que sa direction artistique extraordinaire, et ses effets spéciaux magnifiques pour l’époque, qui lui valurent chacun un oscar technique. Les costumes sont sombres et effrayants à souhait. L’architecture magistrale en dentelle métallique du Cygnus, dans un style steampunk extrapolé aux verrières victoriennes, est à couper le souffle. Disney n’ayant pas pu embaucher les talents d’ILM à l’époque, a du développer son propre système de caméra contrôlée par ordinateur (ACES) et utiliser les technologies de pointe d’effets spéciaux optiques et matériels de 1978 pour que les scènes dans l’espace n’aient rien à envier à celles de la Guerre des Étoiles. Et si la bande originale du film, composée par John Barry (tous les James Bond, King Kong 1976, Midnight Cowboy…) ne vous effraie pas suffisamment, le grand méchant du film, le terrible robot rouge Maximilian, s’en chargera, en tout cas si vous avez 9 ans!

J’en tremble encore de plaisir.