
Ryan Coogler revient sur le grand écran accompagné une nouvelle fois par son acteur fétiche : Michael B. Jordan. Après Fruitvale Station (2013), Creed (2015), Black Panther (2018) et Black Panther : Wakanda Forever (2022). Le duo nous propose cette fois-ci d’arpenter un nouvel horizon : l’horreur historique post-Western, ce qui, de par son genre, à de quoi intriguer…
Le film va non seulement nous éblouir par sa technique (sa mise en scène ainsi que par sa photographie), mais aussi par sa technologie. En effet, tout comme Double Impact (1991) avec Jean-Claude Van Damme, Legend (2015) mené par Tom Hardy ou encore Gemini Man (2019) mettant en scène Will Smith, Ryan Coogler va nous proposer deux personnages incarnés par son acteur de prédilection. La présentation de son parti-pris va nous être exposée en crédibilisant le moyen technique qui a permis de donner vie aux jumeaux Stack et Smoke différenciés par deux couleurs identifiables : le bleu et le brun. Pour ce faire, il va rendre la doublure naturelle de manière astucieuse. Il va simplement faire interagir les deux personnages par l’échange de cigarette pour montrer qu’il s’agit bel et bien de deux vrais personnages différents et non pas d’un seul acteur.
LE RITE MUSICAL
La musique guérit et libère le peuple opprimé exposé par Ryan Coogler au détriment d’être entendu par des créatures maléfiques. Sammie Moore (Miles Caton) sera l’entremetteur entre ces deux mondes. Il va unir ces deux espaces à travers ce plan-séquence grandiose mélangeant les cultures les styles de musiques, les époques offrant une imagerie artistique surprenante, bluffante, prenant la forme d’un rite, car ceux qui font résonner la musique appelle le diable, montrée par le plan-séquence qui passe de l’euphorie, de la musique et de la danse au feu calcinant la scierie de sorte à ouvrir la porte au vampire qui attendent patiemment avant d’attaquer. La bande originale alimentée par Ludwig Görransson va offrir une âme à l’ambiance rituelle musicale du film, n’hésitant pas à apporter des effets de mise en scène sonore en synchronisant par exemple les mouvements des acteurs à la musique.
Les vampires ne vont pas hésiter à s’approprier la musique qui permet aux originaire du berceau de l’humanité de s’affranchir de l’oppression auquel ils sont confrontés à travers cette musique aux consonances Celtic « Rocky Road to Dublin » qui va évoluer dans un paradoxe macabre, par cet air festif est conté par des êtres démoniaques.

OPPRESSION DES NOIRS PAR LES BLANCS
Le récit va donc se développer à partir de Sammie et autour du duo Smoke et Stack, fortuné, qui va investir dans un bâtiment appartenant à un membre du KKK. C’est alors avec habilité et style, que Ryan Coogler va dénoncer la tyrannie blanche sur le peuple de couleur noir en utilisant l’épouvante pour dénoncer l’horreur vécue par le peuple oppressé. Ces blancs, qui sont incarnés au départ par des vampires, veulent rentrer dans un espace qui appartienne aux noirs, ce qui fait bien évidemment écho à la colonisation. Le choix de cette créature n’est pas anodin, car non seulement les blancs sont des monstres, mais ils vont également s’attaquer, dévorer les noirs dans un contexte ou ils essayent de communier ensemble pour se sentir libre, vivant, le temps d’une soirée. Cet endroit sera représenté comme un cocon, un échappatoire qui deviendra finalement une forteresse animée par la musique, la danse et l’amour. Ces trois blancs vont venir perturber la liberté des opprimés afin de rendre leur bonheur un enfer, comme si toute volonté d’avoir un moment de liberté, va avoir comme contrepartie l’arrivée du mal. Ce message politique exprime l’injustice des Afro-américains qui n’ont pas le droit à cette liberté dans une société qui peine à reconnaître l’égalité à travers une couleur de peau.

RÉFÉRENCES
Cette bascule dans l’enfer va faire écho à son influence principale qui est celle de « Une nuit en enfer » (1996) de Robert Rodriguez. Le switch de genre et d’ambiance sera moins brutal dans Sinners. Il sera un peu plus évolutif avec l’exposition de ce vampire rentrant chez ce couple pour le dévorer. « The Thing » de John Carpenter sortie en 1982 sera également une référence de l’oeuvre de Ryan Coogler par ces monstres qui se font passer pour des êtres humains afin de pouvoir les tromper avant de les attaquer. Le doute va prendre place et pour déceler le vampire parmi les victimes, chaque personne devra manger une gousse d’ail, ce qui fait référence au test sanguin que Kurt Russell va instaurer afin d’identifier la chose.
Ryan Coogler va continuer de déployer son talent en mettant en scène son premier long-métrage d’horreur. Ces vampires auront un design simple, mais effrayant, animé par une lueur rouge sang dans leurs yeux, couverts d’hémoglobines au niveau de leurs mâchoires. De plus, Ryan Coogler sera bien aidé par le jeu d’acteur très convaincant de Jack O’Connell. Sa gestion du genre sera pertinente et juste comme cette scène marquante des dizaines de vampires dansant au loin faisant penser à un rite satanique.
Sinners est une grande réussite allant au-delà des attentes par cette richesse créative proposée par Ryan Coogler que ça soit sur le plan technique, sur sa direction d’acteur ou de sa mise en scène de l’horreur confirmant sa prestigieuse collaboration avec à nouveau, un grand Michael B. Jordan.
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