« On en a peut-être fini avec le passé, mais il n’en a pas fini avec nous. »

Cette réplique résonnera à travers ce que le film raconte. En effet, plusieurs personnages vont être confrontés à leurs passés, remontant à la surface les névroses infectant, tel un poison ces protagonistes, psychologiquement ainsi que physiquement, personnifiant le mal-être de deux personnages en particuliers ayant commis erreurs et crimes. Une souffrance à l’allure de gangrène, qui viendra se répandre dans un récit grandiose.

Pour structurer et donner une finalité à ces différents récits, Paul Thomas Anderson va les assembler. Pour ce faire, il va tout d’abord nous présenter des faits divers qui se sont produits de manière complètement inattendue, voire impossible. Suite à ça, l’objectif sera de donner un sens logique à l’invraisemblable. Le hasard et la coïncidence seront énoncés de sorte à donner un mot à ces manières étranges de perdre la vie.

Mais alors, est-ce que cela tient de la plus grande des malchances ou d’événements destinés à se rencontrer ?

Pour répondre à cela, ces différents personnages aux histoires dramatiques, qui ne se connaissent certes pas, vont donc, par hasard ou par coïncidence se rencontrer.

JONCTION DE SOUFFRANCES

Le lien entre ces récits sera permis par différents éléments similaires, à commencer par la souffrance qui va venir converser avec celle des autres. La culpabilité sera ce grand désespoir subi par chacun, que ce soient les traumatismes infligés par les parents, l’infidélité, les dommages collatéraux subis par Phil Parma, ou la honte de Jim Kurring. La pluie s’amorce telle un foreshadowing de ce qu’il va se produire à la fin du métrage, tout comme la présence de la musique, venant déborder sur plusieurs séquences ou plutôt, permettant de relier les différentes intrigues. La pluie et la musique extradiégétique vont venir habiller et raccorder visuellement ainsi qu’auditivement ces différents fragments composant ce récit grandiose. D’ailleurs, nous aurons également l’audio et l’image qui vont même s’allier pour façonner cette jonction par le biais d’une chanson : Wise Up de Aimee Mann, interprétée par chaque personnage.

Photo prise par Getty Images/Getty Images – Image reproduite avec autorisation gettyimages.com Magnolia

Spoilers

Cette fin aussi inattendue que les décès de début, vont venir clore ce cocktail ou plutôt cette effervescence dramatique insufflée par ces personnages. En effet, cette pluie de grenouilles, se révèle comme une manifestation presque paranormal. Elle va venir interférer, par coïncidence. L’arrivée des batraciens montrent donc que les choses les plus folles peuvent venir s’abattre sur n’importe qui, apportant une poésie morbide en lien avec cette souffrance omniprésente.

Avant There Will Be Blood (2008) et Phantom Thread (2017), deux métrages salués par la critique, Paul Thomas Anderson nous présentera donc son chef-d’œuvre choral : Magnolia, allant au-delà de la maîtrise, atteignant un niveau de virtuosité aussi impressionnant que fascinant. Le cinéaste va même diriger un Tom Cruise interprétant un rôle à contre-pied de sa filmographie vitrine. Un personnage détestable, avec qui on peut espérer lui accorder, contre toute attente, une lueur d’empathie, par sa souffrance. C’est à travers Frank Mackey, que Tom Cruise délivrera sa meilleure performance (selon moi). Une prestation qui sera d’ailleurs récompensée au Golden Globes, remportant la statuette du meilleur acteur dans un second rôle.

Frank Mackey aura sa place sur cette fleur. Les autres pétales seront ces autres personnages se rejoignant pour former une unité : un Magnolia.