Portés par Sylvester Stallone et Kurt Russell, ce chef-d’œuvre d’action kitsh met en scène un duo de policiers luttant pour leur intégrité dans un milieu où le crime fait loi…et les stéréotype aussi.

Tango et Cash, un cliché revisité

Deux flics qui ne se supportent pas, se retrouvent à collaborer dans un but commun pour finalement s’entendre à merveille. C’est un moteur d’intrigue qui a déjà bien tourné sur les routes du 7e art en particulier à Hollywood, mais qui a su ici se renouveler avec brio. Une réussite due a la personnalité des protagonistes et l’investissement prodigués par leurs acteurs. À l’est comme à l’ouest de Los Angeles, les journaux ne cessent de vanter les exploits de deux « super flic » déjà opposé par leur secteur d’opération : l’élégant Ray Tango et le casse-cou Gabriel Cash. Adulé par leurs collègues mais inconnus l’un de l’autre, le destin les réunira après la dernière clôture d’enquête de Tango, l’enquête de trop.

En effet, le succès ravageur dont ils font preuve n’est hélas pas au goût de tous surtout d’ Yves Perret, le plus grand trafiquant de drogue de L.A. et de ses deux sbires qui se partagent la ville. La saisie de sa dernière cargaison le pousse à échafauder un plan diabolique qui vise à destituer les deux policiers de leur gloire durement acquise derrière un coup monté, scellant leur destin derrière des barreaux desquels ils ne sortiront pas… Une situation d’autant plus délicate qu’un fossé creusé par une foule de différences aussi bien sociales, financières que comportementale s’immisçant jusque dans leur style, semblait rendre impossible l’entente entre ces deux hommes. Mais lorsque le crime les rassemble, ils portent au-delà de leur personnalité et caractéristique l’essence même de ce qu’ils sont : deux hommes de loi, borné et talentueux qui portent en eux les valeurs de la justice. Faisant face ensemble à l’adversité par nécessité, une solidarité tacite finit néanmoins par émerger, ébréchant la fierté inutile de leur ego.

Cet attachement qu’ils partagent leur permet alors de développer une relation de plus en plus amicale sans rivalité puérile, et laissant donc plus de place à l’expression contradictoire de leurs personnalités. Jeunes et charismatiques, chacun possédant son propre style, ils s’amusent à arpenter les clichés tout en décollant les étiquettes qu’on peut être tentées de leur donner. Tango incarnant le raffinement et un style de vie confortable représente aussi la témérité, la violence, se montrant parfois impitoyable, même s’il ne s’agit parfois que de comédie. Il n’hésite pas à se salir pour parvenir à ses fins, au sens propre comme au figuré puisqu’après son incarcération, il ne retrouvera pas son sublime costume trois pièces qu’à la fin de son aventure. Cash beaucoup moins subtil et posé, sait pourtant a plusieurs reprise agir avec ingéniosité et empathie, des qualité éloignés des airs de voyou qu’il dégage. Leur duo fusionnel et détonnant n’est pas une reprise d’un code scénaristique réchauffé, mais d’une nouvelle recette, qui marche.*Les buddy movie cop là où les dialogues sont précurseurs de l’action.

source : Primevideo

Pas de surprise pour un buddy movie, les mots ont autant de poids que l’action voir plus quant à leur place dans l’intrigue. Le film est bavard, donnant lieu à de belles joutes verbales, de rebondissement ironiques et iconique, des répliques superbement placé. Ici pas de flic taciturne avare en paroles, la communication est bien présente pour le meilleur et pour le pire. Les dialogues ne remplacent pas l’action, ils la subliment, créant des situations drôles pendant la scène de combat, faisant référence à leurs précédentes discussions, à des références d’éléments qu’ils connaissent tout deux donnant plus de matières a l’histoire. Nous spectateurs sommes attaché à leurs valeurs, leurs proches, nous rions à leur humour, savourant le sens de leurs mots, approuvant les raisons de leurs gestes, on prend plaisir en somme, a les voir agir dans une diégèse à laquelle on croit et que l’on comprend.

C’est là que réside la clé du succès dans tout bon buddy movie, ou « film de copain » en français. Un sous-genre présent depuis les débuts du cinéma avec des duos culte tel que Laurel et Hardy et qui a muté dans une multitude de déclinaison comme celle du très apprécié buddy movie cop, mettant en scène des policiers. Tango & Cash arrivent après un âge d’or du genre bien entamé avec des classiques comme le volet « L’arme fatale », « 48 heures », « Double détente » et tant d’autres durant les années 80-90. Des films qui ont su garder l’affection des spectateurs par leur tandem qui impulse au récit une dynamique verbale et physique survolté. Des scénaristes comme Shane Black, créateur de l’Arme Fatale ont même pu prétendre à de prestigieux festivals, comme avec le film « Kiss kiss bang bang » présenté hors compétition a Cannes en 2005. Mais pour Andrey Konchalovsky et Albert Magnoli réalisateurs de Tango & Cash, qui n’ont jamais réalisé de buddy movie, l’apprentissage se fera au détriment de certains aspects du film.

Le ridicule ne tue pas, mais cause tout de même de gros ennuis…

Si les héros échappent à la lourdeur des clichés, ce n’est pas le cas de la partie adverse qui a du mal à s’en défaire. Oubliez l’aura de crainte et de pouvoir écrasant, les antagonistes ne sont doté de rien de cela. Au nombre de trois, Yves Perret le grand patron et ses deux exécutant peine à faire reconnaître leur crédibilité tant leur comportement et le fruit de leurs actions sont risibles. Terré dans l’obscure QG du grand patron, le trio en costard se livre à toute sorte d’attitude parodique : lorsque Yves Perret fomente son plan brillant, il ne peut s’empêcher de placer des jeux de mots d’une lourdeur indécente, ce à quoi ses associés répondent par des sourires torves et regard appuyé, assis a la manière des méchants des premiers James Bond.

Et si paraître ridicule contribue au potentiel comique du film, l’être réellement en apporte encore plus. Trop occupé à ruminer sans cesse l’argent qu’il a perdu devant d’innombrables extraits des précédents exploits des deux policiers, Yves Perret s’enlise dans des plans aussi perché que foireux. Quoi de plus étonnant pour quelqu’un qui croit bon de schématiser son plan de capture à l’aide de souris et d’un labyrinthe en plastique… Ainsi, les deux policiers mènent paisiblement leurs affaires, devant eux même aller à la rencontre de leur pitoyable adversaire. Néanmoins sans la mégalomanie d’Yves Perret entêté à ne pas écouter les suggestions pertinentes de ses subordonnés, l’affrontement entre les deux camps aurait pu être bien plus palpitant. Heureusement, la mise en scène démesurée offre à chaque opportunité, l’occasion d’en mettre plein les yeux au spectateur.

source : Banterflix

Qui dit super méchant et flic dit super aventure, et pour cela, il ne faut craindre ni les situations rocambolesques, ni la mort ce qui est visiblement leur cas. Fuir d’une prison sous une pluie torrentielle ? Cash improvise une Tyrolienne avec sa ceinture sur un câble électrique. Il faut arrêter un camion filant à toute vitesse ? Quoi de mieux pour Tango que d’arrêter sa voiture en plein milieu de la route, et de sortir tirer dans le plus grand de calmes avec son pistolet de la taille d’une main. Cette séquence d’ouverture annonce l’audace sans frontières des personnages qui nous fait profiter de belles scènes d’actions bien rythmé, cocasse et pleine de panache, d’une irréalité rafraîchissante. Une sensation qui ne disparaît pas jusqu’ à la fin ou c’est cette fois-ci la partie adverse qui livre le clou du spectacle. L’aboutissement de la psyché tortueuse d’Yves Perret prend forme dans un gigantesque labyrinthe miné au abord de sa propriété. De toute part surgissent des explosion en continu, des tractopelle sont lancé sur les trousses de l’inarrêtable duo… Une séquence réalisant toutes les envies fantaisistes du grand baron impressionnantes sa mise en scène, mais navrante par son inefficacité.

Au final, Tango et Cash rattrapent la situation dans la fiction comme dans la réalité. Malgré des tentatives plus ou moins réussi de jongler entre humour et sérieux, ce buddy movie cop brille par l’énergie qu’il dégage, et reste pour ce qui arrivent a oublier les ravages du manichéisme, une œuvre pleine d’entrain.