
Materialists était attendu comme la comédie romantique de 2025. Avec un casting 5 étoiles (Dakota Johnson, Pedro Pascal, Chris Evans) et une réalisatrice en pleine ascension (Céline Song), le film parvient-il à renouveler un genre et à ne pas tomber dans le cliché ?
Auréolée du succès critique et public de Past Lives, Céline Song revient cette année avec Materialists. Toujours centré autour de la création des couples, le film explore cette fois-ci les critères qui poussent les personnes seules à chercher l’âme sœur en tentant une réflexion sur le bien fondé de leurs attentes.
Dakota Johnson (50 nuances de Grey) y incarne une matchmakeuse célibataire, un métier réellement exercé par Céline Song, qui, après avoir provoqué des rencontres entre de parfaits inconnus, sera confronté à un choix cornélien : Pedro Pascal ou Chris Evans ?
Une décision difficile à prendre qui remettra en cause ses goûts, ses attentes et sa vision du couple. Sur le papier, Materialists ressemble à une comédie romantique très classique, mais sur le papier seulement. L’autrice tente de moderniser le genre et d’y apporter sa patte : est-ce un pari réussi ?
La comédie romantique après Tinder
« Être sur Tinder (ou faire appel à un matchmaker), c’est comme aller dans un champ un jour d’orage avec une fourchette et espérer être frappé par la foudre »
Céline Song pour NPR
Véritable éléphant dans la pièce lorsqu’il s’agit de parler d’amour et de couples au XXIᵉ siècle, les applications de rencontres sont aujourd’hui un des moyens privilégiés pour trouver son/sa moitié.
Pourtant, bon nombre de comédies romantiques continuent de véhiculer l’image d’une rencontre hasardeuse au coin d’une rue, d’un café ou d’un endroit insolite. Un choix que ne fait pas Céline Song pour son deuxième long-métrage, car on ne saura jamais où Lucy (Dakota Johnson) rencontre son ex (Chris Evans) et le riche Harry (Pedro Pascal) est rencontré lors d’un mariage – un lieu somme toute très classique pour trouver l’amour.

Le fond e(s)t la forme
Pas de sensationnalisme, ni d’hyper romantisation des relations lors des rencontres et cela se vérifie également lors des castings de clients pour Lucy. En effet, Céline Song rend ses séquences froides tant dans le fond que dans la forme ! Sur le fond, ce ne sont que des successions d’informations froides (salaires, tailles, age, couleur de peau, etc.) et sur la forme, ces scènes ne profitent pas de cadres très esthétiques : un plan fixe serré de la poitrine à la tête et c’est tout.
Cette mise en scène des castings vient particulièrement trancher avec le reste du film qui bénéficie toujours de compositions ingénieuses, de jeux avec l’arrière-plan et de couleurs plus ou moins chaudes selon l’état des personnages.
En dehors de ce soin apporté au visuel subsiste tout de même un léger bémol : la B.O de Daniel Pemberton (Spiderman : Across the Spider-Verse) est totalement oubliable. Il ne s’agit peut-être pas d’un genre propice aux éclats musicaux, mais il est dommage de ne retenir aucun morceau lorsqu’un tel compositeur est aux manettes.

Le cœur a ses raisons…
Formaté par son travail, Lucy ne conçoit les relations que par le prisme de l’argent et de données chiffrées : « Love is math ». Les personnages font souvent référence à l’amour comme un « investissement », un terme symbolisant le risque de l’engagement, mais retranscrivant surtout une distance sentimentale.
Le film soulève alors une question particulièrement moderne : comment trouver le véritable amour dans l’ère du matchmaking et de la rencontre par un intermédiaire ?
C’est sûrement là que Materialists risque de perdre une partie de son public. En effet, il n’y aura pas de réponse manichéenne, mais plutôt une fin douce-amère qui n’est que la conclusion logique d’une pensée qui traverse tout le film : l’âme sœur idéale n’existe pas.
Que ce soit le riche et séduisant homme d’affaires ou l’ex-romantique fauché, tous les « prétendants » à l’amour possèdent des qualités et des défauts avec lesquels il faudra accepter de vivre. Une fin novatrice dans un genre qui tend à ne montrer que des femmes et des hommes parfaits.

Apportant quelques nouveaux éléments à son genre, Materialists se place comme une comédie romantique originale qui, sans être un grand chamboulement, parvient tout de même à moderniser le fond de son matériau initial.
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