
DRACULA, UNE VERSION MODERNE DE NOSFERATU
L’expressionnisme allemand a fortement inspiré le cinéma futur. En effet, ces nombreux pionniers tels que Fritz Land : Métropolis (1927), M le Maudit (1931), Friedrich Wilhelm Murnau (1927) ou bien évidemment, Nosferatu sorti en 1922. Une utilisation de l’architecture déstructurée devenue l’une des caractéristique esthétique de Tim Burton, ou dans cette nouvelle proposition du film de vampire dirigée par Francis Ford Coppola, va réutiliser l’un des codes principales du mouvement germanique, à savoir l’ombre. En effet, le cinéaste va utiliser ces silhouettes pour les rendre menaçantes, humaines, ou plutôt vampiriques.
Thomas E. Sanders (chef décorateur), Eiko Ishioka (costumes), Greg Cannom (maquilleur SFX/prothésiste), seront les responsables, mais surtout les talents chargés de l’esthétisme impressionnante de l’œuvre. Cette imagerie va contribuer à la crédibilité du film, animé par un incroyable casting, portée par un Gary Oldman aussi terrifiant, que grandiose dans la peau de Vlad. Il sera accompagné par Winona Ryder (Mina), Keanu Reeves (Jonathan), le mari de cette dernière et Abraham Van Helsing interprété par nul autre que Anthony Hopkins.
Hormis le nom de Nosferatu cité dans le long-métrage, le scénario va nous faire penser à l’œuvre de Murnau, par ce voyage effectué par le personnage de Keanu Reeves pour vendre des propriétés londoniennes au compte. Nous aurons également le désir du vampire voulant posséder celle qu’il convoite. La similitude du voyage en bateau, afin d’atteindre la ville. En bref, même si Dracula, n’est pas un remake de Nosferatu, des similitudes rendant hommage au film allemand sont néanmoins très présentes.

MÉTAPHORE DES VIOLENCES SEXUELLES
Qui dit, film de vampires, dit charme, séduction, sensualité. Cependant, Coppola va se servir de l’érotisme pour montrer un autre aspect monstrueux de la créature. Le vampire causera des violences sexuelles à ces femmes désirées par ces monstres. Lucy (Sadie Frost) sera littéralement violée par ce vampire à l’esthétisme du loup-garou (créature habituée au genre). Cette dernière va être, comme infectée par cette violence, causant au final sa perte, pouvant être une métaphore des maladies sexuellement transmissibles, ou tout simplement l’impact psychologique de l’acte monstrueux, qui personnifie la déshumanisation de la victime engendrée par le traumatisme.
L’emprise de l’homme sera exposée sous les traits de Renfield (Tom Waits). A la différence que ce protagoniste est un homme et que la domination ne sera pas sexuelle.
Mina sera également victime de l’emprise envoûtante, se cachant derrière le charisme de Gary Oldman, aux différentes formes monstrueuses de l’élégant et soigné à la créature sanguinaire. Néanmoins, il va exercer une domination malsaine sur l’épouse de Jonathan balayant son le consentement de la jeune femme par sa force.
Le film va également dénoncer la perversité de l’homme sur la femme, tournant autour d’elles, tels des vautours. Même ceux qui sont censés protéger Lucy ou Mina, comme Van Helsing, éprouvent du désir à leur égard. L’insémination du fluide (le sang) venant de l’homme va aussi permettre de sauver la jeune femme, cependant même si c’est pour aider cette dernière la transmission masculine résonne comme une oppression déguisée.
Dracula de Francis Ford Coppola et sans doute avec Nosferatu de Murnau, le film de vampire le plus emblématique du cinéma. En effet, Coppola fera prospérer l’œuvre de son inspiration afin de graver Nosferatu dans le marbre du 7ème art.
Laisser un commentaire