
Nous connaissons le réalisateur hors-paire, mais moins l’acteur, qui mine de rien, se débrouille très bien devant la caméra. Même si Quentin Tarantino s’offre ses apparitions dans ses propres films, il est rare de le voir tenir un second rôle dans un long-métrage, qui malgré les apparences est bel et bien réalisé par son amie : Robert Rodriguez.
ROBERT OU QUENTIN ?
Quand nous voyons l’introduction d’Une nuit en enfer, nous ne pouvons nous empêcher de penser aux ouvertures de métrages à la tension palpable, aux dialogues caractéristiques, finissant par une explosion de violence auxquels le réalisateur de Django Unchained nous a habitué. Pourtant, cette fois c’est lui qui joue cette violence qu’il a tant réussi à mettre en scène, incarnant Richard Gecko, frère de Seth Gecko (George Clooney). Quentin Tarantino excelle donc à l’écran, par son personnage psychotique, paranoïaque, brillamment joué au côté de son frère, qui sera le meneur charismatique de ce duo. Une nuit en enfer est indéniablement un film créer entre potes. En effet, Tarantino et Rodriguez sont amis et même si Quentin est « que » crédité pour l’acting et le scénario, en collaboration avec Robert Kurtzman, on ne peut exclure que le cinéaste américain n’ait pas contribué à la réalisation, comme le prouve ce genre de plan en contreplongée dans un coffre de voiture, caractéristique du réalisateur (illustré sur l’image au-dessus). Il y aura également le choix de la musique, de la maitrise de la série B, du casting, avec un autre amie Harvey Keitel, ayant joué pour Tarantino, dans Reservoir Dogs (1992) et Pulp Fiction (1994), allant même jusqu’à l’illustration de son fétichisme des pieds.

VIRAGE INATTENDU
Le film se découpe en deux parties. La première est assez classique, mais la seconde a de quoi nous surprendre par ce parti-pris de passer d’un road-movie sur la cavale de deux criminels à un de film série B de vampires donnant l’impression d’ouvrir une faille spatio-temporelle à l’intérieur du film. Cela pourrait sonner comme un défaut, mais cela n’en ai rien. Déjà, un film de série B n’est pas synonyme de mauvais film. Ils peuvent être cultes, comme Evil Dead (1981) ou Starship Troopers (1997), ou tout simplement être des métrages de bonnes facture, comme Vampire, vous avez dit vampire ? De plus, son utilisation orchestrée par la maîtrise de Robert (Quentin) Rodriguez (Tarantino) permet de rendre un résultat tout à fait crédible dans son apparence peu crédible.
Robert Rodriguez (ou Quentin Tarantino) va se servir de la violence graphique, ensanglantée, caractéristique du métrage pour justifier son utilisation pouvant être critiquée, en étant littéralement la source nourrissante des vampires. L’enseigne du bar, va sonner comme un piège (à hommes). Appelées « Titty Twister », ces portes de l’enfer, donnent vers un lieu attrayant, fonctionnant comme le mécanisme d’une autre créature, cette fois issue de la mythologie grecque : Les sirènes. Tout comme ces monstres, d’apparence attirante et envoûtante, vont mener à leur perte ceux qui tomberont sous leurs charmes. Ces vampires seront majoritairement représentés au début par ces danseuses, émanant de l’une des caractéristiques de la créature, à savoir la sensualité et à l’hypnotisme véhiculé par la performance de Salma Hayek. Ces (en majorités) femmes, vont ensuite se métamorphoser en créatures sanguinaires, révélées par ce design beaucoup moins inspiré que dans Fright Night, faisant très tchip, tout comme la colorimétrie clichée jaunâtre s’affiliant à la chaleur mexicaine et à sa frontière américaine.

Le loup-garou semble être une créature familière aux films de vampires. D’ailleurs, il prend une place majeure dans la saga la plus populaire du genre : Twilight (2008-2012). L’apparition de cette créature prenant vie au claire de la pleine lune a une apparition dans Vampire, vous avez dit vampire ?, ainsi que dans Une nuit en enfer, confirmant l’affiliation de ce monstre avec celle régie par Dracula. Ces deux bêtes sanguinaires, évoluant pendant la nuit, sont également issues d’une transformation liée à une morsure.
Une nuit en enfer est l’un des films de série B les mieux réussis, constitués de talents faisant vivre ce genre assumés, donnant une personnalité marquante au métrage, devenant même une source d’inspiration aux métrages modernes tel que Sinners.
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